Comité de solidarité avec les peuples du Chiapas en lutte

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Comptes rendus des manifestations de solidarité avec Oaxaca, le 20 novembre, en France et en Belgique

jeudi 23 novembre 2006

Comptes rendus des mobilisations de France et de Belgique lors de la journée internationale de solidarité avec Oaxaca, lundi 20 novembre.

BORDEAUX.

Bordeaux, lundi 20 novembre 2006, 17 h 30, une soixantaine de personnes s’est donnée rendez-vous devant le Consulat mexicain (rue Porte Dijeaux, devant Molat).

Malgrè un crachin ténu, c’est une petite foule joyeuse et décidée qui
interpelle les passants sur la situation d’Oaxaca.

Solidaires du Collectif Chiapas 33, AC ! Gironde, la CNT, du Comité
Anti-Incité, d’Hacktivismes, Sud PTT, Solidaires 33, Cercle Jean Barué (FA), des étudiants, Dissensus et Espoir Chiapas (78) ont invité leurs militants à une distribution de tracts.

Tee-shirt maculés de rouge et bandanas sur le visage sont de rigueur mais on sent que si les événements à Oaxaca sont dramatiques (enlèvements, tortures, meurtres,...), cette lutte menée par nos amis mexicains est porteuse de grands espoirs, ici même.

Si là-bas, une révolution semble être en marche : "Le pouvoir au Peuple", c’est ensemble ici que nous la soutenons et l’encourageons.

Elle nous permet de nous réunir autour d’une cause plus globale et nous
laisse entrevoir la possibilité de reprendre prise sur notre réel.

De fait, cette manifestation se passe dans une bonne humeur et une
détermination palpable.

Alors que la sono nous fait entendre des musiques mexicaines, la troupe se met en marche avec ce slogan "NON À LA RÉPRESSION ! SOUTIEN À OAXACA !".

Nous descendons ainsi la rue Porte Dijeaux, puis remontons la rue Sainte-Catherine où les badauds étonnés regardent passer cette déambulation sonore.

"On vous ment ! On vous désinforme !"

"En soutien aux peuples d’Oaxaca ! En soutien aux peuples du Chiapas ! En soutien à tous les peuples en lutte de par le monde et ici même, nous marchons aujourd’hui à Bordeaux".

"État mexicain : assassin ! État français : complice !"

Après une courte hésitation place St-Projet, le cortège décide de poursuivre symboliquement sa marche jusqu’à la place de la Victoire.

Toujours aussi joyeux, toujours aussi bruyant, le défilé, que des passants ont rejoint, finit sa course sous l’Arche où le micro est laissé ouvert à une prise de parole libre.

Cette manifestation totalement improvisée a permis une évidente visibilité de la problématique OAXACA.

Près de 2 000 tracts ont été distribués dans la rue la plus passante de
Bordeaux.

Il s’agit maintenant de poursuivre le travail d’information sur OAXACA et plus généralement sur la situation au Mexique, de poursuivre la
collaboration avec les associations venues soutenir cette cause.

Des rencontres sont prévues au mois de décembre.

Hasta la victoria siempre ! Tous ensemble, ouais !

DIJON.

À Dijon, on était une petite cinquantaine de personnes à se réunir devant le consulat du Mexique, à l’appel de l’interlibertaire dijonnaise. Après un rassemblement plutôt morose (mais accompagné de fumigènes efficaces), le consulat étant fermé, il nous a été impossible d’envoyer un fax comme on avait prévu d’en faire la demande, on a fait une petite manif dans les rues de Dijon derrière une banderole "Mexique : solidarité face à la répression à Oaxaca", tout en diffusant des tracts pour informer les gens de ce qui se passe là-bas. On a fait ça plutôt soft, vu que des gens passent déjà en procès pour l’occupation du même consulat mexicain en septembre.

LYON.

La multitude lyonnaise avec le soutien du syndicat CNT du département du Rhône s’est rassemblée ce lundi 20 novembre 2006, journée de grève, d’actions internationales pour soutenir les peuples d’Oaxaca, province du Mexique sous l’assaut de la Police fédérale depuis maintenant trois semaines.

La multitude lyonnaise soutient la rébellion légitime des peuples d’Oaxaca face aux pouvoirs locaux corrompus, violents et face à celui de l’État mexicain qui ne connaît que répression militaire et expropriations.

À la sortie de la station de métro Hôtel-de-Ville à 18 heures, une cinquantaine de sympathisant-e-s se sont rassemblé-e-s face à la mairie de Lyon : diffusion de tracts, de lettres de protestation à envoyer aux autorités, d’informations sur la situation des peuples d’Oaxaca depuis six mois. Feux d’artifices, prises de parole...

Un film sur la violence commise par l’État mexicain à Atenco en mai 2006 a été diffusé dans le local de la CNT après un pot convivial.

Les ami-e-s de Rebellyon.info relayent les informations sur la situation à Oaxaca ici à Lyon ; face aux medias français muets, nous continuerons à informer et à combattre toutes les formes d’autorités et de violences sociales.

MARSEILLE.

Environ 200 personnes se sont rassemblées sur le Vieux-Port, ce soir de mistral du 20 novembre, à l’appel d’Alternative libertaire, d’Apatapela, du Comité Chili Amérique latine, de la CNT (Marseille), du Collectif Caracol, du Comité de soutien à Mumia Abu-Jamal, du Collectif Nawak, du journal "CQFD", du Groupe anarchiste de Marseille (Fédération anarchiste), de la LCR, de SUD étudiants (Aix-Marseille), du collectif La Rage du peuple et d’individus solidaires.

Nous partîmes en déambulation festive sur la rue Breteuil avec moult jolis flambeaux et slogans rageurs et solidaires ("APPO, APPO, APPOYA LA APPO", "JUSTICIA, JUSTICIA, FUERA ULISES RUIZ" "EL PUEBLO UNIDO (ou ARMADO) JAMAS SERA VENCIDO"...

Sous les fenêtres de M6, nous avons dénoncé le silence des médias dominants sur ce qui se passe à Oaxaca (ça ne les a pas fait plus bouger pour autant...).

Des clowns-maîtres-d’école nous attendaient en embuscade au coin d’une rue, pour nous assener des cours délirants z’et rebelles de maths, de biologie et enfin de gym pour la construction de la barricade lorsque nous arrivâmes sur la place de l’Opéra devant le consulat honoraire du Mexique.

Six banderoles ont orné la place. Un "autel pour les morts" déjà tombés au cours de cette lutte, selon les traditions indigènes du Mexique. Et notre superbe "barricade" de cartons symbolique et en soutien aux bien plus périlleuses et réelles barricades d’Oaxaca !

Nous avons remis au consul honoraire (toujours aussi diplomatiquement courtois), une pétition qu’il nous promit de faxer au "malo gobierno" du Mexique.

Puis nous mîmes le feu à notre "barricade" juste pour la joie du feu et du chant et de la parole rebelle.

Le tout fut filmé par le collectif Nawak pour être envoyé en soutien aux insurgé-es d’Oaxaca.

Nous promîmes de nous revoir pour continuer et amplifier notre soutien à l’APPO (Assemblée populaire des peuples d’Oaxaca).

PARIS.

C’est sous une pluie battante que se sont réunies sur le parvis Beaubourg, dans le centre de Paris, ce lundi 20 novembre, journée internationale de solidarité avec la révolte d’Oaxaca et l’Assemblée populaire des peuples d’Oaxaca (APPO), près de 500 personnes qui défilèrent ensuite jusqu’au consulat du Mexique.

Le cortège s’élança aux alentours de 19 heures. Toutes et tous les manifestantEs y exprimèrent leur rejet de la répression et de la présence militaire à Oaxaca ainsi que leur solidarité avec le peuple digne d’Oaxaca qui lutte contre le gouvernement et pour une autre façon de faire de la politique.

C’est au rythme d’une batucada, d’enregistrements de Radio Universidad, de corridos et de slogans tels "État mexicain, assassin", "¡Ya cayo ! ¡Ya cayo ! ¡Ulises ya cayo !" ou encore "¡El pueblo unido jamás será vencido !" que les manifestantEs ont défilé durant près de deux heures jusqu’à rencontrer, dans une rue étroite, un mur de CRS empêchant le cortège d’atteindre le consulat. Cependant certainEs ont réussi, par des rues détournées, à y crier leur solidarité avec le peuple d’Oaxaca en lutte. Après une demi-heure de batucada, des prises de parole ont permis de faire un point sur la situation là-bas. Et c’est doucement, sous un ciel enfin clément, que le cortège s’est dispersé un peu avant 21 heures.

Dehors Ulises !
Dehors la PFP !
Réapparition de toutEs les disparuEs !
Libération de touTEs les prisonnierEs !
Oaxaca n’est pas seul !
Restons mobiliséEs !

TOULOUSE.

Une centaine de personnes environ, convoquées par le "Collectif de solidarité Chiapas-Mexique" de Toulouse, participèrent à une nouvelle manifestation de soutien aux peuples d’Oaxaca. Devant le consulat du Mexique, plusieurs étudiants et citoyens mexicains prirent la parole pour dénoncer l’indifférence et la calomnie manifestées par le consul honoraire, M. Saint-Martin, et réitérer son appui à la résistance et à la dignité du peuple d’Oaxaca, et à leurs demandes : sortie immédiate du gouverneur assassin Ulises Ruiz, sortie de la PFP, libération de touTEs les prisonnierEs et disparuEs, ainsi que la justice à l’encontre des responsables de la répression brutale déchaînée contre le mouvement populaire oaxaquénien. Il en ressortit également la valeur exemplaire de ce mouvement, qui démontre que le peuple est capable d’assumer et de contrôler directement, de manière démocratique et horizontale, les fonctions et les services essentiels de la vie sociale : l’approvisionnement et la distribution alimentaire, l’ordre public et la justice, les transports et la propreté, l’hygiène, etc. C’est-à-dire qu’il est capable de s’autogouverner.

BRUXELLES.

Depuis plusieurs mois, un mouvement social sans précédents se développe dans l’État d’Oaxaca. Parti d’une revendication salariale de professeurs, le mouvement s’est étendu à l’ensemble des associations et mouvements de l’État. L’autorité a du quitter la ville qui est contrôlée et gérée par l’Assemblée populaire des peuples d’Oaxaca (APPO) depuis le mois de juin. Le gouverneur de l’État, envoie des paramilitaires pour réprimer le mouvement : assassinats, enlèvements, et agressions contre la population. Quant au pouvoir fédéral mexicain, il déplace plusieurs milliers de policiers pour "rétablir l’ordre" fin octobre. C’est ce qu’on appelle la militarisation d’Oaxaca. C’est bizarre, ça me fait penser à un autre État,...

Hier soir, quelques personnes (moins d’une vingtaine selon les organisateurs, plus de cinquante selon les renseignements généraux) se sont rassemblées devant l’ambassade mexicaine pour exprimer leur solidarité avec les peuples d’Oaxaca et exiger de l’État mexicain l’arrêt de la répression et les tortures contre la population d’Oaxaca, la libération tous les prisonniers politiques et des "disparus", la fin de l’impunité des criminels.

Une banderole, quelques bougies attirent l’attention avenue Franklin-Roosevelt, et quelques tracts sont distribués aux rares passants. Bien que l’ambassadrice ait été absente, quatre personnes ont été reçues par le chargé des affaires politiques et sociales. Une fois à l’intérieur de l’édifice, nous (deux indyiens et deux Mexicaines résidant à Bruxelles) sommes conduits dans une salle de réception au premier étage. Quel luxe les ambassades, je ne m’y habitue pas ! Notre interlocuteur nous propose d’exprimer nos revendications pour pouvoir les transmettre à Mexico. Il a l’air de connaître son dossier. Hier, les ambassades mexicaines avaient été prévenues un peu partout sur la planète : certaines d’entre elles auraient de la visite ce 20 novembre.

Nous demandons quelle est la position officielle de l’État mexicain en ce qui concerne les meurtres, les arrestations arbitraires et les disparu/es à Oaxaca. On compare les chiffres de l’APPO et ceux du gouvernement (qui reconnaît sept morts et trois disparus...). La compañera rapporte le contenu de ses communications téléphoniques avec des parents et amis qui vivent à Oaxaca, insistant sur les très nombreuses et très inquiétantes disparitions, indigne d’un État de droit. Notre hôte note consciencieusement et nous assure qu’il transmettra nos demandes au gouvernement mexicain.

Nous exigeons le respect des droits de l’homme quoi qu’il arrive et expliquons aussi en quoi la militarisation de l’État d’Oaxaca est un très mauvais signe... il sait aussi bien que nous que, d’un côté, l’État est richissime en ressources naturelles et très bien classé au top mondial de la biodiversité alors que d’un autre côté, la majorité de la population est très pauvre.

Poli, le diplomate ne conteste pas les événements auxquels nous nous référons. Il tente simplement de les expliquer autrement. Selon lui, la société mexicaine est divisée en deux. En ce qui concerne l’État d’Oaxaca, certes une partie de la population (33 municipalités sur plus de 300, affirme-t-il) exige la démission du gouverneur. Mais il ne faut pas oublier qu’une autre partie exige le retour à l’ordre, dit-il.

Je n’ai pas voulu lui demander si cette autre partie dont il parlait, ce ne serait pas simplement les propriétaires et ceux qui travaillent pour eux, proches du PRI, le Parti révolutionnaire institutionnel qui a gouverné le pays pendant presque un siècle, et qui veut continuer de gouverner l’État d’Oaxaca, malgré tout et avec la bénédiction du PAN... Cela commençait à tirer en longueur et les autres nous attendaient dehors sous la pluie avec pour seule distraction les bouchons de fin de journée et notre agent secret qui, lui aussi, après quelques questions, donne l’impression de bien connaître son dossier.

Sur ce on lève le camp et on se disperse dans la jungle urbaine.