Comité de solidarité avec les peuples du Chiapas en lutte

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en réponse au communiqué de solidarité...

Message de Xochicuautla

samedi 22 août 2015

Soeurs et frères, merci d’être attentifs à ce qu’il se passe ici au Mexique et ce qu’il se passe dans les communautés indigènes, nous avons lu votre communiqué avec attention et observé qu’il est signé par différents soeurs et frères rassemblés en organisations et en collectifs : cela nous renforce de savoir que bien que très éloignés, nous ne sommes pas seuls, et de savoir que c’est l’engagement de beaucoup d’entre nou.e.s de continuer à défendre le patrimoine d’autres frères et soeurs, de gens qui ne sont pas seulement natifs de la communauté, mais également l’engagement d’autres personnes vivant dans les villes, parce qu’au-delà de défendre notre territoire, nous défendons la forêt et l’eau, et cela, c’est un patrimoine de bien d’autres soeurs et frères.

Notre plus sincère remerciement, et notre invitation à ce que vous restiez attentifs, car ici, malgré nos dénonciations et les plaintes que nous formulons, nous sommes invisibles aux yeux des tribunaux de justice et des droits humains, il n’y a aucune réponse de leur part, et il est clair qu’ils sont partie prenante de l’Etat.

Notre sincère remerciement et notre invitation à ce que vous soyez attentifs, nous vous envoyons à ce sujet un document au cas où vous pourriez le diffuser, au sujet de la criminalisation en cours contre le compañero José Luis, une des personnes les plus visibles au sein de la résistance de Xochicuautla.

De nouveau, nos salutations combatives, et Xochicuautla vive !

BULLETIN DE PRESSE

Criminalisation d’un défenseur des droits humains originaire de San Francisco Xochicuautla.

Mise en place de conditions propices à une agression, sous couvert d’actions juridiques

San Francisco Xochicuautla, Lerma, Etat de México.

12 août 2015.

Le dimanche 9 août dernier, la communauté de San Francisco Xochicuautla s’est réveillée avec un pamphlet distribué dans différents lieux et rues du village signé d’un soi-disant groupe auto-dénommé « Unis pour Xochicuautla », exigeant prétendument au nom du peuple « que soit condamné ce criminel », en référence à José Luis Fernández, un des plus connus défenseurs communautaires du village de Xochicuautla et de la forêt otomí-mexica.

C’est une coïncidence un peu trop forte que soit mise en avant cette soi-disante exigence au moment même où Don José Luis Fernández manifestait publiquement son opposition argumentée à l’imposition de l’autoroute Naucalpan-Toluca, dont la concession a été accordée au tristement célèbre groupe Higa. L’entreprise, propriété de l’homme d’affaires Juan Armando Hinojosa Cantú, a récemment été parrainée par Enrique Peña Nieto à travers la signature d’un décret d’expropriation des terres illégal ; décret qui, malgré des irrégularités aberrantes, prétend spolier le peuple otomi de l’Etat de Mexico de ses territoires ancestraux.

Dans le contexte dans lequel nous vivons, où prédominent les agressions de toutes sortes contre les défenseurs et défenseuses des droits humains et des journalistes, tant dans l’Etat de Mexico que dans le reste du Mexique, il nous semble particulièrement préoccupant que soit convoqué de manière semi-anonyme à la répression contre un citoyen qui à tout moment a défendu les droits collectifs et individuels de ces voisins avec des méthodes pacifiques. Cela démontre de manière évidente que l’unique intention des auteurs d’une telle ignominie est de justifier une quelconque agression contre José Luis Fernández, afin de fragiliser de cette manière la légitime résistance juridique et sociale mise en œuvre par les habitants de cette communauté indigène qui s’est gagnée un immense soutien, tant régional que national et international.

Au vu de ce qui a été dit précédemment, nous appelons à la vigilance toutes les personnes qui ont collectivement ou individuellement manifestés leur sympathie et leur soutien à la lutte indigène otomí-ñätho, car ceux qui sentent aujourd’hui une menace sur leurs négoces comptabilisés en millions se préparent à commettre des actes arbitraires, et tout semble indiquer que don José Luis Fernández est leur premier objectif, et sera mené à bien si nous ne mettons pas en lumière leurs plans et leurs actions perverses.

La solidarité et l’organisation ont déjà démontré être à même de mettre un frein dans ce pays aux actes de violation des droits humains. Empêchons que la soif de pouvoir se nourrisse à nouveau de la liberté des hommes et des femmes dignes dont la valeur est inquantifiable dans la défense de leur village.

CENTRE DES DROITS HUMAINS ZEFERINO LADRILLERO