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article de Gloria Muñoz Ramirez
Atteintes contre Flor Goche, membre de Desinformemonos
mercredi 30 septembre 2015
« Los de abajo » : Atteinte à journaliste [1]
Gloria Muñoz Ramírez, La Jornada, 19 septembre 2015
Flor Goche, journaliste, est passée de la peur au ras-le-bol. Dans ce Mexique bafoué, tu ne sais jamais quand l’agression te tombera dessus. A Flor, ça lui est tombé dessus le 8 septembre dernier, quand des sujets inconnus ont fait irruption dans son domicile et ont emporté deux ordinateurs, fouillé dans ses dossiers journalistiques et passé en revue factures et billets de voyage. Elle qui, dans son travail de journaliste, depuis sept ans, a couvert des cas de féminicides, de disparitions, de personnes et de communautés violées dans leurs droits, à présent se retrouve de l’autre côté. Elle est passée de la surprise initiale à la recherche de la vérité.
Que s’est-il passé dans son domicile ce soir-là ? Quel est ou quels sont ceux qui sont entrés chez elle sans forcer de serrures et ont fouillé dans l’intimité de sa chambre ? Que cherchaient-ils ? Que veulent-ils ? Et puis, les questions : vont-ils continuer à fouiller ? Est-ce le début de quelque chose de plus grave ? Un message ? Pourquoi n’ont-ils pas emporté l’écran plat, les bijoux en argent, le système multifonctionnel, le graveur de films et autres objets de moyenne valeur ?
Flor et Elva Mendoza, autre journaliste avec laquelle elle partage le domicile qui a été forcé, sont protégées par des mesures de précaution émanant de la Commission interaméricaine des droits de l’homme. Elles bénéficient aussi du Mécanisme de protection des personnes défenseurs des droits de l’homme et journalistes, du ministère de l’intérieur. C’est pour cela qu’elles avaient en leurs mains le fameux bouton de la panique.
La journaliste de la revue numérique Desinformémonos a poussé sur le bouton. Personne n’a répondu à lademande d’aide au gouvernement. Il semble qu’il faille appuyer dessus pendant trois secondes. Elle l’a fait plusieurs fois. Mais rien.
Finalement, en appuyant sur la touche 1, elle a pu entrer en communication avec l’opérateur 8 de l’entreprise privée engagée par le gouvernement pour ce service. Celui-ci a envoyé à son domicile deux représentants du secrétariat de la Sécurité publique du District fédéral, qui lui ont juste suggéré d’aller déposer une plainte auprès du procureur général. Ils lui ont signifié qu’ « ils ne pouvaient rien faire d’autre car ils ne peuvent intervenir qu’en cas de flagrant délit. »
Et puis, enfin, elle a eu le contact avec du personnel du Mécanisme. Elle leur a raconté ce qui s’était passé et ils lui ont dit qu’ils ne pouvaient rien faire pour elle, car « ils n’ont pas la faculté de gérer ni de mener une enquête. » Le fonctionnaire Roberto Reyes lui a répondu que c’était son journal qui devait lui fournir accompagnement et aide juridiques, et non pas le Mécanisme. De l’État ne viendra pas la sécurité, pour Flor ni pour personne. Le fameux Mécanisme pourrait faire penser à un jeu, si son inutilité n’était dramatique. C’est des réseaux, de la profession, des médias et de la société dans son ensemble que devront venir les réponses et les actions. Aujourd’hui c’est Flor qui est menacée, hier c’était Ruben,
et demain qui sait sur qui cela tombera.
Le texte original peut être consulté via ce lien : http://www.jornada.unam.mx/2015/09/19/opinion/011o1pol
Les courriers peuvent être envoyés à : losylasdeabajo@yahoo.com.mx
[1] « Ceux d’en bas », intitulé de la chronique menée chaque semaine par Gloria Muñoz Ramírez et publiée dans le journal mexicain La Jornada.