Comité de solidarité avec les peuples du Chiapas en lutte

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Première dénonciation publique de Tlanixco

septembre 2015

MOUVEMENT POUR LA LIBERTÉ DES DÉFENSEURS DE L’EAU ET DE LA VIE DE LA COMMUNAUTÉ INDIGÈNE NAHUA DE SAN PEDRO TLANIXCO, TENANGO DEL VALLE

ÉTAT DE MÉXICO, 1er SEPTEMBRE 2015

DÉNONCIATION À L’OPINION PUBLIQUE

Au Congrès National Indigène

Au Comité Clandestin Révolutionnaire Indigène – Commandement Général de l’EZLN

À la Sexta Nationale et Internationale

Au Réseau contre la Répression et pour la Solidarité

Aux peuples, tribus, quartiers et nations du Mexique et du monde

Aux compañeras y compañeros qui luttent dans le Monde

Aux compas des médias libres, autonomes, alternatifs ou bien quel que soit leur nom :

Le Mouvement pour la liberté des défenseurs de l’Eau et de la Vie de la communauté indigène nahua de San Pedro Tlanixco, Tenango del Valle, Etat de México, dénonce à l’opinion publique les faits survenus dans notre village depuis 1989, et qui font qu’au jour d’aujourd`hui cinq de nos compañeros et une compañera se trouvent emprisonnés dans la prison d’Almoloya.

Depuis 1989, San Pedro Tlanixco a dû défendre l’eau qui prend source dans ses forêts des intérêts de ces capitalistes que sont les entreprises nationales et transnationales de floriculture de la municipalité de Villa Guerrero, qui ont bénéficié de la protection des mauvais gouvernements.
Nous avons aussi dû défendre notre territoire, car ils nous ont imposé la construction d’une autoroute privée qui va de Tenango del Valle à Ixtapan de la Sal et qui coupe depuis notre village en deux.

En 2003, le 1er avril, suite à une chute accidentelle, meurt le président du système d’irrigation de la rivière Tezcaltenco, représentant des entreprises floricoles de Villa Guerrero, et c’est depuis ce jour que notre village a vécu des agressions constantes de la part des mauvais gouvernements et des médias commerciaux qui, comme toujours, ont accompli leur sale boulot de discréditer les dignes luttes des peuples, en diffusant une fausse information comme quoi nous aurions lynché ce monsieur, alors que la vérité, c’est que si lui et les siens se trouvaient sur notre territoire c’est parce qu’ils voulaient s’emparer de nos sources d’eau, et c’est à ce moment là que, pour méconnaître les sentiers, ce monsieur est tombé et qu’il a perdu la vie.

À partir du 2 avril 2003, les perquisitions ont commencé. Au début il y avait environ 50 agents qui venaient, mais le nombre de policiers est allé en augmentant. Ils pénétraient dans les maisons sans faire état d’aucun ordre judiciaire, intimidant les personnes qui s’y trouvaient. Une fois ils sont même entrés à l’intérieur de l’école primaire, avec pour prétexte de rechercher l’un de nos compañeros, en rechargeant leurs armes à feu et en terrorisant les enfants. Cela, c’était pour nous de la torture psychologique à destination de tout le village, car nous savons que c’est la forme qu’ils ont de faire que les personnes cessent de se défendre, en leur inculquant la peur.

Suite à ces perquisitions, en juillet 2003 les compañeros Pedro et Teófilo, qu’ils sont allés chercher à leur travail, sont arrêtés par environ 6 à 8 personnes qui les soumettent, avant de les envelopper dans des couvertures pour pouvoir les frapper sans laisser de traces. Ce sont les seuls qu’ils arrivent à arrêter jusqu’en 2006, lorsqu’ils arrêtent le compañero Rómulo qu’ils sont allés chercher chez lui, avant de le frapper de la même sorte. On a calculé que durant cette période, ils ont fait plus de 50 perquisitions, l’une des plus importantes ayant eu lieu avant la détention de Rómulo, et à laquelle environ 1500 policiers ont participé, vêtus de noir et le visage masqué. Toutes les rues étaient remplies de policiers, on les voyait courir et entrer dans les maisons, foutant la trouille à toutes les personnes qui se reposaient à ce moment-là, car c’était l’aurore.

Six mois après, ils arrêtent 2 autres de nos compañeros, Lorenzo et Marco Antonio. Lorenzo aussi, ils l’enveloppent dans une couverture et ils le frappent, ce qui a fait qu’ils s’est retrouvé avec des douleurs au niveau des côtes durant 3 mois. En 2007, ils ont arrêté notre compañera Dominga, qui n’a pas opposé de résistance car sa maman était gravement malade à ce moment là.

Nous voulons dénoncer également le fait que l’instruction en cours contre tous nos compañeros a été remplie d’irrégularités, de contradictions et de violations à nos droits, qu’en réalité on n’a jamais pu prouver qu’ils aient été fautifs de ce dont on les accuse, qu’on leur a collé des peines de plus de 50 ans de prison sans preuves, et que les instructions sont toujours en cours depuis 9 ans, 9 ans que nos défenseurs de nos sources d’eau et de la vie se retrouvent injustement emprisonnés, et qu’on ne nous permet pas de leur rendre visite pour leur donner du courage, car ils disent que seule leur famille peut venir leur rendre visite.

Au niveau de l’instruction judiciaire du compañero Lorenzo, en 2013 son avocat a déposé un “incident de liberté” pour évanouissement de preuves, lequel fut rejeté, raison pour laquelle une procédure de recours indirect a été émise auprès du conseil de la judicature fédérale le 11 août 2014. Plus d’un an après, aucune réponse n’a été obtenue de la part de Victorino Hernández Infante, premier juge de district en matière de recours judiciaires. Cela nous confirme une fois de plus que d’en haut, la justice ne viendra pas, et que c’est la raison pour laquelle il est important et nécessaire que nos compañeras et compañeros sachent toutes les irrégularités et toutes les omissions, et qu’ils puissent faire leur cette plainte et cette réclamation, pour qu’une réponse soit donnée, et que nos compañeros et notre compañera qui sont en ce moment sous instruction puissent enfin revenir chez eux, tout comme nos compañeros qui ont été jugés de manière injuste et fausse, et que nous voyons bien que si l’instruction a été retardée à ce point, c’est parce qu’ils font tout pour l’empêcher d’aboutir. La preuve en est que depuis le début, ce sont près de 10 personnes qui se font appeler “juges” qui ont été impliqués dans l’affaire.

Ces derniers temps ont été très difficiles pour nous, femmes et hommes, en tant que mouvement, car il y a un peu plus d’un mois un de nos jeunes compañeros a été détenu et torturé par des personnes qui se sont présentées comme étant “du renseignement”, et qui, entre coups et menaces de mort, l’ont interrogé sur nos compañeros qui n’ont toujours pas pu revenir à leur domicile. Ils lui ont fait part de choses dont ils ne devraient pas être au courant car elles n’ont jamais été rendues publiques, ce qui nous amène à penser que nous sommes sous surveillance et qu’ils cherchent à nous affaiblir, et qu’il y a des intrusions, car avant de procéder à sa détention, ils avaient visité le commerce de sa maman déguisés en électriciens et avaient cherché à lui tirer les vers du nez tout en prenant des photos de la famille, photos qui ont été utilisées ensuite durant la torture du compañero.

C’est du fait de tout ce que nous vous racontons que nous avons pris la décision de faire cette dénonciation publique, afin que vous connaissiez ces injustices qui ont été commises contre notre village et contre nos compañeros, que vous nous aidiez à rendre visibles ces situations, et que vous soyez attentifs à ce qu’il pourrait arriver.

BIEN À VOUS

MOUVEMENT POUR LA LIBÉRATION DES DÉFENSEURS DE L’EAU ET DE LA VIE DE SAN PEDRO TLANIXCO

JAMAIS PLUS UN MEXIQUE SANS NOUS !

LIBERTÉ AUX DÉFENSEUR.E.S DE L’EAU ET DE LA VIE !

PRISONNIER.E.S POLITIQUES, LIBERTÉ !

C’EST EN VIE QU’ILS LES ONT EMPORTÉS, C’EST EN VIE QUE NOUS VOULONS LES RETROUVER !

QUE CESSENT LES AGRESSIONS CONTRE LES COMMUNAUTÉS ZAPATISTES !

XOCHICUAUTLA N’EST PAS À VENDRE, MAIS À AIMER ET À DÉFENDRE !

MILITAIRES HORS DE SANTA MARÍA OSTULA !

NON AU DÉCRET D’EXPROPRIATION DES TERRES DE XOCHICUAUTLA !

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Source du texte d’origine :
https://tlanixcolibertad.wordpress.com/2015/09/01/denuncia-a-la-opinion-publica-1-septiembre-de-2015/

Traduction 7NubS