Comité de solidarité avec les peuples du Chiapas en lutte

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Depuis Lakabe : déclaration contre la répression

Rencontres européennes 2016

mardi 1er novembre 2016

Communiqué pour les prisonnières et prisonniers et contre la répression de la rencontre de l’Autre Europe des collectifs de la Sexta solidaires avec le zapatisme

Mardi 1er novembre, jour des défuntes et des défunts,
Depuis le village occupé et autogéré de Lakabe (Euskal Herria) :

Aux prisonniers et prisonnières de n’importe quelle partie du monde, à leurs proches et leurs ami.e.s
A leurs collectifs et groupes de soutien,
Aux proches des disparus et assassinés d’Ayotzinapa
Aux proches des personnes assassinées ou enlevées par les mauvais gouvernements,
A l’EZLN, au CNI et à la Sexta,
Au réseau contre la répression et pour la solidarité,
A la Croix Noire anarchiste de la ville de Mexico,
Au Groupe de Travail « No estamxs todxs »,
Aux compañerxs Loxicha,

Compañeros, compañeras et compañeroas :

Depuis l’Autre Europe, nous observons avec préoccupation et nous dénonçons l’augmentation et le renforcement des moyens répressifs des mauvais gouvernements mexicains envers les communautés zapatistes et les peuples originaires qui défendent leur terre, envers le peuple en général, et envers tous les mouvements sociaux qui se manifestent et luttent depuis leurs tranchées respectives contre le capitalisme et toute forme d’injustice sociale. Le panorama actuel au Mexique est composé de milliers de féminicides, de spoliations, de répression, de disparitions forcées, d’assassinats, d’exécutions, de déplacements forcés, d’enfermements.

Les mobilisations récentes contre les Réformes structurelles ont eu reçu pour réponse la violence d’Etat. En juin la police exécutait 11 personnes à Nochixtlan durant un acte de répression contre les enseignant.e.s qui a laissé aussi pour solde plusieurs dizaines de blessé.e.s. Cette opération policiaco-militaire conçue depuis les plus hautes sphères du pouvoir, nous remémore ce qui s’est passé à Atenco il y a 10 ans de cela, et nous faisons nôtre la lutte actuelle des compañeras agressées et victimes de tortures sexuelles qui continuent à exiger justice, et ont porté plainte contre l’État mexicain au niveau international. Bien que cela en soit un cas emblématique, il nous faut rappeler que la torture sexuelle résulte être une pratique systématique durant les détentions et l’incarcération.

A deux ans de la répression contre les étudiants d’Ayotzinapa, nous maintenons notre engagement auprès des familles des 43, pour l’apparition en vie de leurs enfants, pour la vérité et la justice. Nous savons également que le nombre des disparitions forcées et des assassinats continu à être en augmentation au Mexique. Les fosses communes sont une preuve macabre de cette réalité. Plus encore, l’augmentation des féminicides et des assassinats de personnes homosexuelles, trans et queer au Mexique, dans un contexte de machisme criminel et de rejet croissant envers l’AutrE et la différence.

Nous n’oublions pas la situation difficile qu’affrontent les compas journalistes au Mexique, qui est devenu le 3e pays le plus dangereux du monde où exercer un journalisme engagé. Nous saluons tout spécialement les compas des médias libres au Mexique.

La soi-disant guerre contre le narco est un mensonge dont l’intention véritable est la militarisation comme axe de contrôle social et d’extermination des peuples originaires, en faveur des intérêts capitalistes des entreprises et des multinationales qui envahissent leurs terres avec la complicité totale de l’Union européenne.

La justice de l’État et le système carcéral au Mexique frappent chaque fois plus fort et rompent les structures sociales, les familles et les villages, avec des condamnations cruelles, vengeresses et à vie durant des processus judiciaires remplis d’irrégularités, avec pour seul objectif d’intimider les populations, en se basant sur l’absence d’arguments d’une justice inexistante pour le peuple. Des femmes inculpées pour avoir avortées, généralement dans des situations de risque extrême et sans aide humanitaire, incarcérées par un système patriarcal et victimes du mépris, de l’impunité et de l’impuissance. Des milliers d’indigènes reclu.e.s pour avoir défendu montagnes, rivières et forêts.

Nous saluons spécialement nos compañeros et compañeras qui, depuis les différentes prisons, contribuent à la lutte pour une vie digne pour toutes et tous :

Chiapas :
Alejandro Díaz Sántiz, Roberto Paciencia Cruz, et de San Sebastián Bachajon : Emilio Jiménez Gómez, Esteban Gómez Jiménez, Santiago Moreno Pérez.

État de México :
San Pedro de Tlanixco : Dominga González Martínez, Lorenzo sánchez Berriozabal, Marco Antonio Pérez Gonzalez, Pedro Sanchez Berriozabal, Romulo Arias Mireles, Teofilo Perez Gonzalez.

Oaxaca :
Alvaro Sebastian Ramirez, Miguel Angel Peralta Betanzos.

Guerrero : María de los Angeles Hernandez Flores, maximo Mojica Delgado, Santiago NazarioLezma. Et les prisonniers de la Coordination Régionale des autorités Communautaires-Police Communautaire : Samuel Ramirez Galvez, Gonzalo Molina Gonzalez, Arturo Campos Herrera.

Ville de México : Luis Fernando Sotelo récemment condamné à 35 ans de prison [transmué finalement à 17 ans], Fernando Barcenas et Abraham Cortez Ávila.

Nous saluons aussi au-delà la vie et la résistance exemplaire de ceux qui affrontent de longues peines, tels que Leonard Peltier et Mumia Abu-Jamal. Nous saluons également Oso Blanco, avec l’espoir de célébrer sa prochaine libération, ainsi que la liberation il y a quelques mois de Gabriel Pombo Da Silva.
– * –

L’Europe du capital, chaque fois centrée sur des politiques de guerre, de production d’armes et la vente de matériel de surveillance, génère bénéfices et inégalités en bénéficiant de la guerre et de la répression contre les peuples du monde et contre sa propre population. La répression policière augmente chaque fois plus à l’intérieur de l’Europe, tout comme les méthodes de contrôle social.

Guerre contre celles et ceux d’en bas, contre les personnes qui fuient leurs pays d’origine à la recherche d’un refuge en Europe et en Turquie et qui les rejettent avec violence, les enfermant dans des camps qui nous remémorent les camps de concentration. D’autres qui meurent jour après jour durant leurs tentatives de franchir les frontières. De nombreuses et nombreux autres menacé.e.s de déportation au sein de centre d’internement qui sont en fait des prisons et des centres de torture. Bien d’autres rendus esclaves et exploitées au travail ou sexuellement par des entreprises et des mafias. Tout cela en conséquence des lois contre les étrangers racistes et criminelles mis en œuvre par les gouvernements de l’Union européenne. Islamophobie, racisme, regain de l’extrême droite, agressions fascistes, répressions contre les mouvements populaires, les personnes migrantes et les vendeur et vendeuses ambulantes dans les grandes villes européennes... c’est le contexte que nous affrontons en bas à gauche.

Réunis en Euskal Herria [pays basque], nous réclamons la génération des conditions nécessaires au retour des centaines d’exilé.e.s et de réfugié.e.s basques. Nous exigeons aussi la fin de la disparition des prisonniers et prisonnières basques dans différentes prisons de l’État espagnol et français, incarcérés loin de leurs lieux d’origine, ainsi que des personnes d’autres territoires emprisonnées et victimes de cette politique de dispersion. Nous exigeons la libération de Nekane Txapartegi séquestrée par l’État suisse. Également pour toutes les femmes incarcérées, souvent invisibilisées et sujettes aux tortures, au sexisme, à des longues peines et à la séparation de leurs enfants.

Durant les dernières mobilisations sociales contre la loi « Travail » en France, une répression policière massive s’est abattue avec pour solde blessé.e.s, mutilé.e.s et victimes de mesures judiciaires arbitraires (arrestations à domicile, etc...). Est aussi palpable la répression croissante contre les maisons occupées dans toute l’Europe.

Les collectifs réunis durant cette rencontre européenne saluons tout spécialement :

- les compas du mouvement NO TAV en Italie qui ont décidé de désobéir aux arrestations domiciliaires et aux types de mesures judiciaires qu’on prétend leur imposer.
- Les 8 compañerxs poursuivis par l’Etat espagnol pour les mobilisations contre l ’élargissement du pantano de Yesa.
- Le compa du collectif « Kambuche » de Toulouse incarcéré dernièrement suite à une intervention policière durant une projection d’un documentaire sur Ayotzinapa.
Mónica Caballero Sepúlveda et Francisco Solar Dominguez, prisonniers anarchistes de l’État espagnol.
- Alfonso et Raúl de “Títeres desde Abajo”, contre lesquels reposent une accusation d’ »incitation à la haine ».
- Les compas de “Son 27 i més” de Barcelone, poursuivis pour avoir défendu l’Université publique.
- Les compas extradé.e.s depuis la Hollande et l’État espagnol, et incarcérés en Allemagne pour leur lutte et leurs convictions.

A l’occasion de ce jour des morts, nous avons également un souvenir spécial envers tous les gens d’en bas dont l’absence nous blesse tant, tout spécialement à tous les gens d’en bas dont l’absence nous blesse tellement, tout spécialement toutes celles et ceux qui ont été assassiné.e.s par les forces militaires, répressives, policières et par des groupes fascistes ou paramilitaires qui opèrent impunément ici et là-bas. Nous soutenons la lutte de leurs familles contre l’impunité, à la recherche de la vérité sur la mort de leurs êtres chers, souvent bloquée par les mensonges semés par les gouvernements et les grands médias pour couvrir les coupables. Nous adressons une salutation spéciale à tous les réseaux de familles qui malgré la douleur, s’organisent et partagent leur lutte pour la vérité et la justice.

80 ans après le coup d’État franquiste, nous voudrions aussi saluer les familles des centaines de milliers d’assassinée.e.s, de disparu.e.s et de victimes qui encore aujourd’hui réclament reconnaissance, justice et compensation historique.

Nous convoquons également à ce que des actions solidaires soient réalisés le 21 novembre en mémoire de la mort en prison de Ricardo Flores Magón.

Nous réaffirmons notre engagement à continuer à mettre une voix et un visage sur ceux qui depuis la prison nous insuffle de la ténacité dans la recherche de Liberté et de Justice.

Berta Cáceres vive ! ¡La lutte continue !

En vie nous nous voulons ! Ni une en moins !

Jamais plus un Mexique sans Nous !

Vive le Congrès National Indigène !

Vivent les communautés zapatistes en résistance !

Vive l’EZLN !

Vive les Résistances et Rébellions depuis en bas à gauche !

Liberté pour les prisonnier.e.s politiques !

Nous ne sommes pas toutes et tous là, il nous manque les incarcéré.e.s !

A bas les murs des prisons !

Signataires : Red La Pirata : Nodo Solidale (México-Italia) ; Collettivo Zapatista di Lugano (Suiza) ; Adherentes Individuales ; ChiapasGruppa LAG (Noruega) ; Alerta ! (Alemania) ; Ya Basta Alemania (Alemania) ; Manchester Zapatista (Reino Unido) ; La adhesiva (Barcelona) ; Eskozap (Euskal Herria) ; Comité de solidaridad de los Pueblos – Interpueblos Cantabria ; Comité de solidarité avec les peuples du Chiapas en lutte (Paris) ; Ya Basta Milano (Italia) ; Adherentes de la sexta Zurich (Suiza) ; Plataforma de Solidaridad con Chiapas y Guatemala (Madrid) ; Adherentes de la Sexta Barcelona ; Union Syndicale Solidaires (Francia) ; Collettivo Zapatista di Lugano (Suiza) ; TxiapasEKIN (Euskal Herria) ; Confederación General del Trabajo - CGT (España) ; Espoir Chiapas (Francia) ; Acción Social Sindical Internacionalista (Zaragoza) ; Café Rebeldía Infoespai (Catalunya) ; Asociación de Mexicanas y Mexicanos de Castellón y Valencia Adherentes a la Sexta ; Colectiu Zapatista el Caragol (Valencia) ; Grupo CafeZ (Lieja Bélgica) ; Casa Nicaragua (Lieja Bélgica) ; MutVitz 13 (Marsella, Francia) ; Espiral de solidaridad-semilla de resistencia, Atenas, Grecia