Comité de solidarité avec les peuples du Chiapas en lutte

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Lettre d’Atenco à la ZAD et la solidarité internationale

dimanche 6 mai 2018

ATENCO. MAI SANGLANT : 12 ANS D’IMPUNITÉ

Ces 3 et 4 mai marquent le 12ème anniversaire de la vengeance contre nos villages, organisés en « Front des Villages en Défense de la Terre ». L’auteur intellectuel de cette infâme répression, Enrique Peña Nieto, est l’actuel président du Mexique, et représente le plus ancien parti politique du pays, le Parti Révolutionnaire Institutionnel, qui, depuis plus de 80 ans, incarne un régime d’impunité, de corruption et de répression.

Beaucoup de douleurs se sont accumulées au Mexique durant les douze années qui ont suivi ce mois de Mai Sanglant. Cette nuit d’horreur des 3 et 4 mai 2006 ne s’est pas terminée là, pas même lorsque nous avons pu rentrer chez nous, après quatre ans de prison et de persécution.

Cette nuit-là se prolonge jusqu’à maintenant, et pas seulement à Atenco, mais dans tout le pays. Les tortures sexuelles commises sur nos sœurs, l’emprisonnement et les condamnations infâmes pour avoir défendu ce qui est juste, le meurtre, les perquisitions brutales, la persécution politique, tout ce que nous avons subi durant ces journées d’horreur fait désormais partie de la géographie quotidienne du Mexique, tout comme les abominables disparitions forcées dont l’État est responsable, que ce soit par omission ou directement.

Nous n’aurions jamais imaginé que cet Atenco ensanglanté s’étendrait sur tout le pays, et cela n’est possible que lorsqu’il existe un état politique d’ignominie totale et d’impunité, et c’est ce que nous subissons aujourd’hui.

Ce qu’il nous reste, à nous les peuples et aux différentes parties de la population, c’est de continuer à s’organiser et à s’épauler les uns les autres. Notre capacité à commencer à écrire une autre histoire, celle que nous voulons que nos enfants récoltent demain, est la seule chose qui nous sauvera. Il est impensable de les laisser orphelins de la dignité et condamnés à vivre soumis, pliés, résignés.

Vous savez que dans notre pays, nous sommes en pleine guerre électorale, et nous sommes préoccupés de voir comment le PRI et le PAN, c’est-à-dire la droite, insistent pour imposer par la force la continuité de leur régime, car cela implique non seulement un pas en arrière, mais aussi un affront pour l’ensemble du mouvement populaire, qui ne se remet que lentement de chaque attaque subie. Dans le cas des villages qui résistent contre l’aéroport, et en particulier à Atenco, ce serait prolonger la vengeance, l’invasion territoriale et la spoliation de notre terre-mère. Depuis nos humbles tranchées, bien plus faites de principes et de convictions que de barricades, nous allons résister, nous allons livrer la bataille au niveau juridique et dans la rue, avec toute l’inventivité exigée par cette lutte.

Aujourd’hui, ces 3 et 4 mai, ces deux jours qui n’en forment qu’un seul dans notre mémoire, nous vous disons, sœurs et frères : les murs de la prison nous ont rendus plus forts et plus humains, parce qu’à l’intérieur des cachots, il faut défendre à tout prix la capacité de continuer à être humains ; les solitudes qui se sont embrassées contre la persécution politique nous ont rendues aussi plus forts ; les perquisitions brutales ne nous ont pas vaincus. Le meurtre d’Alexis et de Javier, ainsi que les viols et la torture sexuelle de nos sœurs nous maintiennent moralement engagés à ne pas abandonner, à ne pas céder dans la lutte pour la justice, qu’un jour nous obtiendrons.

Notre âme étouffe un cri silencieux, que nous ne pouvons évacuer qu’en présence de nos semblables. Mais notre âme reprend ses ailes et s’envole, quand nous nous rendons compte que la lutte continue, que vous aussi, par exemple, continuez à élever les dignités et à édifier les barricades. Nous ne sommes pas seuls. Nous sommes là les uns pour les autres, parce que la solidarité fait tomber les frontières.

LE MAI SANGLANT NE S’OUBLIE PAS !

LES AUTEURS INTELLECTUELS ET MATÉRIELS DOIVENT ÊTRE SANCTIONNÉS

ENRIQUE PEÑA NIETO DOIT ÊTRE SANCTIONNÉ

ATENCO ENSANGLANTÉ, C’ÉTAIT AUSSI UN CRIME D’ÉTAT

ZAPATA VIVE, LA LUCHA SIGUE !

Front des Villages en Défense de la Terre, Mexique, 3 et 4 mai.

en castillan :

ATENCO. MAYO ROJO : 12 AÑOS DE IMPUNIDAD

Este 3 y 4 de mayo, se cumplen 12 años de la venganza contra nuestros pueblos organizados en en Frente de Pueblos en Defensa de la Tierra. El autor intelectual de la infame represión, Enrique Peña Nieto, ocupa la silla presidencial y representa al partido político más añejo en México, el Partido Revolucionario Institucional, mismo que se ha convertido en un régimen de impunidad, corrupción y represión durante más de 80 años.

En estos 12 años del Mayo Rojo, se condensan muchos dolores en México. Aquella noche de horror del 3 y 4 de mayo de 2006 no termino ahí, ni siquiera cuando pudimos volver a nuestros nidos después de cárcel y persecusión durante 4 años.

Esa noche se ha prolongado hasta estos días y no sólo en Atenco, sino a lo largo y ancho del país. Las torturas sexuales a nuestras hermanas mujeres, el encarcelamiento y condenas infames por defender lo justo, el asesinato, los allanamientos brutales, la persecución política, es decir, todo lo que sufrimos estos días de horror, en México hoy es parte de su geografía cotidiana, añadiéndole las repudiables desapariciones forzadas donde el Estado de manera directa y por omisión, es responsable.

Nunca hubiéramos imaginado que el Atenco ensangrentado se iba a extender en todo el país, pero eso sólo es posible cuando existe un estado político de total ignominia e impunidad, y eso es lo que padecemos.

Lo que nos queda a los pueblos y distintos sectores es seguir organizándonos y abrazándonos. Nadie más nos salvará más que la capacidad para abrirle las puertas a la historia que queremos que mañana cosechen nuestros hijos. Impensable es dejarlos huérfanos de dignidad y condenados a vivir sometidos, agachados, resignados.

Ustedes sabrán que en nuestro país estamos en plena guerra electoral, y vemos con preocupación cómo la maquinaria priísta y panista, es decir, la derecha, insiste en imponer por la fuerza la continuidad de su régimen, porque no sólo implica un retroceso, sino una afrenta abierta contra todo el movimiento popular que de apoco se repone de una tras otra golpiza. Para el caso de los pueblos que resistimos contra el aeropuerto, y en particular, para Atenco, sería prolongar la venganza y una invasión territorial y el despojo de nuestra madre tierra. Con nuestras humildes trincheras hechas más que de barricadas de principios y convicciones, vamos a resistir, vamos a dar la pelea legal, la pelea en las calles y con toda la inventiva que esta batalla exige.

Hoy 3 y 4 de mayo, un día que parecen dos, pero que se quedo prendido como uno solo en nuestra memoria, les decimos a ustedes hermanas y hermanos. Aquellos muros de la cárcel, nos hicieron más fuertes y humanos, porque en las masmorras hay que defender a toda costa la capacidad de seguir siendo humanos ; aquellas soledades que se abrazaron contra la persecusión política, nos hizo más fuertes ; aquellos allanamientos brutales, no nos vencieron. El asesinato de Alexis y Javier, así como las viles violaciones y tortura sexual a nuestras hermanas, nos mantienen con el compromiso moral para no rendirnos, para no claudicar en la lucha de la justicia que un día lograremos.

Nuestra alma guarda un llanto en silencio que sólo con nuestros iguales podemos desahogar. Pero nuestra alma recupera sus alas y se eleva, cuando caemos en cuenta que la lucha sigue, que hasta ustedes, por ejemplo, se siguen levantando dignidades y trincheras. No estamos solos. Nos tenemos unos a otros, porque la solidaridad derriba fronteras.

¡MAYO ROJO, NO SE OLVIDA !

CASTIGO A LOS AUTORES INTELECTIALES Y MATERIALES

CASTIGO A ENRIQUE PEÑA NIETO

EN ATENCO ENSANGRETADO, TAMBIEN, FUE EL ESTADO

¡ZAPATA VIVE, LA LUCHA SIGUE !

Frente de Pueblos en Defensa de la Tierra. México, 3 y 4 de mayo.