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Depuis la prison de maximo exterminio del Altiplano
Lettre d’Hector Galindo, prisonnier politique d’Atenco
lundi 1er juin 2009
DEPUIS LA PRISON, CENTRE FÉDÉRAL D’EXTERMINATION PHYSIQUE ET PSYCHOLOGIQUE, N° 1 "ALTIPLANO"
Aujourd’hui, trois ans après ce mois de mai rouge de 2006, nous pourrions dire que les choses en sont encore comme au début : l’illégalité, l’impunité et l’injustice caractérisent toujours le cas d’Atenco.
Dans le décompte des dommages, ceux qui assassinent, ceux qui violent, ceux qui cambriolent, ceux qui brutalisent, ceux qui torturent, restent protégés par des institutions obsolètes et inefficaces. Trois ans après, les auteurs matériels de ces faits ont reçu une accolade et un chèque d’impunité de la Cour suprême de justice ; les auteurs matériels, qui ont perpétré de telles brutalités, n’ont pas été puni ; aucun policier ou militaire n’est en prison.
Trois ans après, le gouvernement corrompu a fait le pari de l’oubli de ces faits, en espérant que le peuple apprenne la leçon : tout début de dissidence ou tout écart de conscience sociale et humaniste sera soumis à une répression enragée.
Mais, encore une fois, il n’a pas réussi, parce que le peuple n’oublie pas et, à chaque fois, de nouveaux secteurs de notre société, acteurs, actrices, artistes, intellectuels, journalistes, universitaires, groupes... se mobilisent autour de l’exigence de "JUSTICE ET LIBERTÉ POUR ATENCO".
Les contradictions sont abyssales, il n’y a pas de point de comparaison possible, mais c’est la réalité sociale de ceux qui, comme nous, exigent des droits, défendent ce qui leur appartient, mettent au service du peuple des connaissances et la solidarité. Voilà pourquoi je dis que l’illégalité, l’impunité et l’injustice sont toujours d’actualité, comme au début.
Je vous remercie tous pour votre solidarité, votre participation et je fais un appel à l’unité, à incorporer et ne pas exclure, à chercher des ententes, à reconnaître diverses formes de lutte et de pensée, à adopter une attitude critique et constructive, à rassembler nos luttes, pour arriver à des accords, rendre hommage au passé avec des mots et célébrer le présent par nos actions.
Depuis cette prison de haute sécurité spécialisée dans le traitement des délinquants dangereux dans laquelle nous avons été confinés, afin de soumettre notre intégrité physique et morale, notre esprit et nos idéaux, je vous dis, et j’élève la voix pour vous dire, qu’ils n’ont pas obtenu ce qu’ils voulaient, nous restons fermes dans nos convictions, idéaux et identité.
Le gouvernement tyrannique et sans vergogne nous a emprisonnés ici, pour donner un exemple au peuple. Ici, nous recevons constamment un traitement inhumain, nous mangeons en trois minutes, nous nous baignons en trois minutes, nous restons enfermés vingt-trois heures par jour sous la lumière ininterrompue d’une ampoule jamais éteinte, toujours sous des ordres comme retirez votre chemise, retirez votre T-shirt, levez vos mains, retournez-vous, retirez votre pantalon, baissez vos slips, baissez votre prépuce, montrez vos testicules, retirez vos chaussettes et vos chaussures, rhabillez-vous, ha ! Mais faites d’abord trois flexions des jambes... Tous ces actes démontrent que plus qu’un centre fédéral de réadaptation sociale, c’est un centre d’extermination un centre d’extermination qui cherche à tuer par l’emprisonnement... par l’insalubrité, l’abandon quotidien, l’agression psychologique constante, la torture physique et psychologique qui existe toujours, l’irrespect, les attaques à la dignité, avec un égrenage permanent d’injustices, d’insuffisances médicales et sanitaires, d’isolements. Tout cela va à l’encontre de la dignité humaine et cherche à détériorer le corps et l’esprit. Malgré cela, et même malgré le refus de la visite familiale, me contestant la possibilité de donner une embrassade et de recevoir un baiser de ma chère mère, de mon père ou de mes frères, ils ne m’ont pas soumis, je reste ferme dans mes idéaux, et je fais face à toutes les humiliations et les punitions avec dignité. Mon cœur rebelle et universitaire est toujours inébranlable, la prison ne m’a pas soumis, au contraire, elle m’a rendu plus fort que jamais.
Il est évident que je vous dois cette motivation, à vous qui avez de la mémoire, à vous qui combattez, à vous qui élevez votre voix, à vous qui ne cessez de lutter pour vos droits, à vous qui exigez justice et à vous qui réclamez notre liberté, je vous remercie et vous envoie une salutation combative, espérant que vous serez en forme.
Je suis sûr, que tôt ou tard, nous convergerons tous dans un seul front, dans une mobilisation unitaire, car notre peuple se débarrassera des condamnations à perpétuité que l’on nous a imposées, il nous extraira de la prison et libérera ceux qui sont poursuivis. Je sais que bientôt nous nous réunirons avec vous tous, et il y aura América, Adán, Juan Carlos, Román, Jorge, Alejandro, Narciso, Rodolfo, Edgar, Eduardo, Cesar, Pedro, Oscar et bien évidemment Nacho, Felipe et, bien qu’il ne soit plus physiquement avec nous, il y aura aussi Alexis Benhumea, parce qu’il est resté gravé d’une façon permanente dans nos cœurs et il a laissé là son immortalité.
On peut assassiner et emprisonner les corps, mais jamais les esprits !
Vivent pour toujours dans nos cœurs ceux qui ont lutté avec dignité !
Il vaut mieux survivre dans une prison que se taire en étant libre !
Mai 2009.
Hector Galindo Gochicoa
Prisonnier politique, condamné à soixante-sept ans et demi de prison, écroué dans un pénitencier fédéral de sécurité maximale.
Avocat universitaire : faculté de droit UNAM
http://libertadparahector.blogspot.com/
Courriel pour écrire à Hector :
mandamealgochido(a)hotmail.com