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Chiapas : projets touristiques et réactivation de la "guerra sucia"

CSPCL

mercredi 14 octobre 2009

CHIAPAS : PROJETS TOURISTIQUES ET RÉACTIVATION DE LA "GUERRA SUCIA"

Chiapas. communauté tzeltale de Jotolá, 18 septembre 2009. Ricardo Lagunes Gasca, avocat membre du centre chiapanèque des droits humains "Fray Ba", est pris en embuscade par une soixantaine de membres de l’organisation paramilitaire OPDDIC, alliée au gouvernement chiapanèque, au sortir d’une réunion locale pour la libération de deux prisonniers politiques de la communauté. S’il fut rescapé de peu par des paysans du village, ce fut au prix d’un blessé par balles et d’intimidations armées des habitants, avec le soutien tacite des forces de police de l’État du Chiapas.

Communauté tzotzile de Mitzitón, 21 juillet 2009. Une commission villageoise déléguée pour vérifier l’un des terrains de la communauté menacée d’être spoliée par le gouvernement est attaquée par un groupe paramilitaire local, "l’Armée de Dieu". Une personne meurt dans l’affrontement, cinq autres sont très grièvement blessées.

Communauté tzeltale de San Sebastián Bachajón, avril 2009. Huit paysans investis dans les commissions de justice de l’ejido sont arrêtés et accusés d’attaquer et détrousser les véhicules de la route San Cristóbal de las Casas - Ocosingo. Le montage policier apparaît vite au grand jour, les paysans arrêtés ayant par le passé régulièrement amené aux juridictions locales des assaillants de voitures, systématiquement relâchés par les autorités de l’État du Chiapas. En réponse aux protestations demandant leur libération, les forces de police de l’État prennent le contrôle d’un petit poste touristique et d’une carrière de sable gérés par les habitants de l’ejido.

Tous ces faits ont en commun d’être liés à la résistance de ces communautés contre la construction d’une autoroute entre San Cristóbal de las Casas et Palenque (principales destinations touristiques du Chiapas), infrastructure majeure pour le développement du futur projet touristique de "Centre intégralement planifié Agua Azul-Palenque" qui prévoit la construction de plusieurs milliers de chambres d’hôtel dans cette région.

Aujourd’hui comme hier déjà, avec le cycle d’expulsion de communautés et de militarisation de la réserve naturelle des Montes Azules, l’enjeu pour les gouvernements du Mexique et du Chiapas, est de reprendre le contrôle de ces territoires indiens et de faire place nette afin d’attirer les investissements internationaux dans la région. Malheureusement pour eux, les terres nécessaires à ce projet et à la construction de l’autoroute sont toujours sous le contrôle collectif de communautés indiennes refusant majoritairement la parcellisation et la reconversion de leurs ejidos en propriété privée ainsi que le passage de l’autoroute au milieu de leurs territoires. Par ailleurs, les communautés attenantes aux cascades touristiques refusent catégoriquement d’en être dépossédées au profit de propriétaires et d’investisseurs privés.

Face à cela, et ne pouvant se permettre d’intervenir militairement de manière franche et ouverte au risque d’un embrasement généralisé, les autorités mexicaines et chiapanèques misent de nouveau sur la stratégie de la "guerre sale" pour mettre fin aux résistances : ainsi, dans toutes ces communautés, des groupes indiens minoritaires liés aux autorités se voient promettre la concession de futurs commerces lucratifs en bordure du tracé de l’autoroute ainsi que l’impunité totale quant aux exactions violentes qu’ils pourraient commettre afin d’empêcher la résistance à ces projets. Des accusations de délinquance organisée sont montées de toutes pièces contre les compas en résistance de ces villages. Les aides gouvernementales dans le cadre de programme sociaux destinés aux paysans (programme OPORTUNIDADES) sont elles aussi instrumentalisées contre la résistance sociale.

Aujourd’hui, malgré la mort d’un compa de Mitzitón, les attaques armées répétées des groupes paramilitaires de l’OPDDIC et de "l’Armée de Dieu", et l’incarcération de plusieurs d’entre eux, la résistance des villages de Mitzitón, Jotolá et San Sebastián Bachajón rassemblés et coordonnés au sein de l’Autre Campagne zapatiste, reste plus que déterminée.

Les mobilisations collectives nationales et internationales ont déjà permis de faire sortir de prison six des huit personnes arrêtées en avril 2009. Les ejidatarios de San Sebastián Bachajón ont également décidé ce 26 septembre de récupérer le petit poste touristique d’accès aux cascades d’Agua Azul, occupé depuis lors par la Police fédérale préventive mexicaine et que les autorités de l’État du Chiapas pensaient concéder aux leaders paramilitaires Pedro Álvaro et Pascual Pérez.

Mais le danger de nouvelles représailles de la part de groupes paramilitaires ou des autorités de l’État du Chiapas est très fort... En ce sens, un appel à la solidarité nationale et internationale est lancé de manière URGENTE par les paysans de San Sebastián Bachajón membres de l’Autre Campagne zapatiste, ainsi que par les adhérents des villages de Mitzitón et Jotolá afin de :

- dénoncer le climat de violence encouragé par les trois niveaux de gouvernement : État fédéral, État du Chiapas et municipalités ;

- obtenir la libération d’Antonio et Jerónimo Gómez Saragos, originaires de Jotolá et toujours prisonniers depuis avril 2009 ;

- soutenir les ejidos indiens de Mitzitón, Jotolá et San Sebastián Bachajón dans la défense et la récupération de leurs territoires, en vertu de la convention 169 de l’OIT signée par le Mexique ;

- l’abandon des projets de construction de l’autoroute San Cristóbal - Palenque et du mégacentre touristique Palenque - cascades d’Agua Azul, rejetés par les communautés indiennes en résistance de la région.

Nous vous invitons, entre autre, à cosigner la dénonciation suivante (qui reprend en espagnol l’essentiel de ce texte) qui sera adressée aux compañeros en lutte et aux médias indépendants et envoyée aux fonctionnaires des mauvais gouvernements impliqués dans cette histoire.


Dénonciation des agressions contre des adhérents de l’Autre Campagne de San Sebastián Bachajón, Jotolá et Mitzitón
et contre le Frayba

Nous dénonçons les nombreuses agressions et menaces de la part de paramilitaires locaux (en particulier l’OPDDIC et de l’Ejercito de dios) soutenus par les trois niveaux de gouvernement contre les ejidatarios adhérents de l’Autre Campagne de San Sebastián Bachajón, Jotolá et Mitzitón ainsi que contre les compañeros du Centre des droits de l’homme Frayba.

Nous savons parfaitement qu’il s’agit d’une stratégie des mauvais gouvernements qui organisent une guerre de basse intensité dont l’objectif est de développer des projets touristiques néfastes. À travers ces harcèlements, ils essayent d’en finir avec l’organisation de nos compañeros qui défendent leurs droits.

Nous nous solidarisons avec la lutte des compañeros pour défendre leurs territoires et leurs droits comme peuples indigènes à travers le rejet de la construction de l’autoroute San Cristóbal - Palenque et la récupération de l’entrée touristique d’Agua Azul.

Nous exigeons :

- l’abandon du projet de l’autoroute "San Cristóbal - Palenque"
- l’abandon du projet touristique CIP "Agua Azul - Palenque"
- l’arrêt du harcèlement contre les compañeros
- la liberté des compañeros prisonniers Jerónimo et Antonio Gómez Saragos.

Nous rendons responsables les trois niveaux de gouvernement de l’intégrité physique et de la vie de nos compañeras et compañeros de Jotolá, San Sebastián Bachajón, Mitzitón ainsi que du centre Frayba.

Liberté pour les prisonniers politiques !

Aurelio Díaz Hernández, assassiné à Mitzitón est toujours vivant dans nos cœurs

Vive l’autonomie !
Vive l’Autre Campagne !
Vive les Bases de soutien zapatistes !
Vive l’EZLN !
Vive la Zezta Internationale !

Démocratie, liberté, justice !

CSPCL (Paris, France), CSIA (France), La parole qui roule (France), Comitat Chiapas d’Aude (France), Colectivo Votan Zapata (Coyoacán, Mexico), grupo IRU, José L. Humanes Bautista (État espagnol), Plate-Forme de solidarité avec le Chiapas de Madrid, Réseau de solidarité avec le Chiapas de Vicente Lopez (République d’Argentine), Collectif ALANA (Solidarité, Résistence, Dignité, Athènes, Grèce), Association Ya Basta Italie, Eva Malirova (République Tchèque), Fédération des syndicats SUD Éducation de l’Union syndicale Solidaires (France), Secrétariat international de la Confédération nationale du travail (France), Comité Solidarité Chiapas - Délégation Turquie (Turquie), Tamazgha (Organisation non gouvernementale de défense des droits des Imazighen, Berbères d’Afrique du Nord, France), Confédération paysanne (France).

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DENUNCIA DE LAS AGRESIONES contra Adherentes de la Otra Campaña de San Sebastián Bachajón, Jotolá y Mitzitón
y contra el Frayba

Denunciamos las numerosas agresiones y amenazas por parte de paramilitares locales (en particular la OPDDIC y el Ejército de Dios) apoyados por los tres niveles de gobierno en contra de ejidatarios adherentes de la Otra Campaña de San Sebastián Bachajón, Jotolá y Mitzitón así como en contra de los compañeros del centro de Derechos Humanos Frayba.

Sabemos perfectamente que se trata de una estrategia de los malos gobiernos quienes organizan una guerra de baja intensidad cuyo único objetivo es desarrollar nefastos proyectos turísticos capitalistas. A través de estos hostigamientos tratan de acabar con la organización de nuestros compañeros en defensa de sus derechos.

Nos solidarizamos con la lucha de los compañeros por defender sus territorios y sus derechos como pueblos indígenas a través del rechazo de la construcción de la carretera San Cristóbal - Palenque y la recuperación de la caseta turística de Agua Azul.

Exigimos :

el abandono del proyecto de carretera "San Cristóbal - Palenque"
el abandono del proyecto de turismo C.I.P. "Agua Azul - Palenque"
el cese de los hostigamientos en contra de los compañeros
la libertad de los compañeros presos Jerónimo y Antonio Gómez Saragos.
Responsabilizamos a los tres niveles de gobierno de la integridad física y la vida de nuestr@s compañeras y compañeros de Jotolá, San Sebastián Bachajón, Mitzitón así como del Centro Frayba.

¡Libertad a los presos por luchar !
¡Aurelio Díaz Hernández, asesinado en Mitzitón, está vivo en nuestros corazones !
¡Viva la autonomía !
¡Viva la Otra Campaña !
¡Vivan las Bases de Apoyo Zapatistas !
¡Viva el EZLN !
¡Viva la Zezta Internacional !
¡Democracia, Libertad, Justicia !

CSPCL (París, Francia), CSIA (Francia), Quilombo (París, Francia), La parole qui roule (Francia), Comitat Chiapas d’Aude (Francia), El colectivo Votan Zapata (Coyoacán), grupo IRU (adherido a la red Europazapatista), José L. Humanes Bautista (estado español), Plataforma de Solidaridad con Chiapas de Madrid, Asociacion Ya Basta Italia, Eva Malirova (República Checa), Fédération des syndicats SUD Education de l’Union syndicale Solidaires (Francia), Secrétariat international de la Confédération nationale du travail CNT (Francia), Comité Solidarité Chiapas - Délégation Turquie (Turquía), TAMAZGHA, Organisation non gouvernementale de défense des droits des Imazighen, Berbères d’Afrique du Nord (Francia), Red de Solidaridad con Chiapas de Vicente Lopez (Republica de Argentina), Colectivo ALANA (Solidaridad, Resistencia, Dignidad, Atenas Grecia), Confédération paysanne (Francia)...