Comité de solidarité avec les peuples du Chiapas en lutte

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COMMUNIQUE DU CONSEIL DE BON GOUVERNEMENT « NOUVELLE SEMENCE QUI VA PRODUIRE »

Le caracol V « Qui parle au nom de tous » dénonce les menaces, les expulsions, vols, menaces, déplacements, intimidations et la présence de la sécurité publique dans les communautés zapatistes Comandante Abel et Unión Hidalgo

Caracol V « Qui parle au nom de tous » Roberto Barrios (Chiapas, Mexique)

mardi 6 novembre 2012

Conseil de bon gouvernement « Nouvelle semence qui va produire »

Le 29 octobre 2012.

À la société civile nationale et internationale
Aux adhérents de La Otra Campaña
À la Zesta Internationale
Aux médias alternatifs
Aux organismes indépendants de droits humains
À la presse nationale et internationale.

Compañeras et compañeros,
Sœurs et frères du Mexique et du monde,

Le Conseil de bon gouvernement « Nouvelle semence qui va produire » de la zone nord du Chiapas (Mexique), rend publique la quatrième dénonciation des menaces, expulsions, vols, déplacements, intimidations et de la présence de la sécurité publique, vécus et soufferts par nos villages, comme la nouvelle localité de Comandante Abel et la communauté d’Unión Hidalgo, nos compañeros bases de soutien, hommes, femmes et enfants.

1.- Le terrain de nos compañeros occupé par les paramilitaires d’Unión Hidalgo le 6 septembre, ils se le sont déjà réparti entre envahisseurs ; ils ont commencé à métrer le 25 septembre et ils ont fini le 21 octobre, pour se répartir chacun ses bouts.

- Comme nous l’avons mentionné dans les déclarations antérieures, les 11 hectares de maïs des compañeros, les envahisseurs se les sont appropriés totalement. Ils ont tout volé et récolté, ils n’ont rien laissé, et à présent le terrain de onze hectares de maïs ils l’ont entièrement nettoyé et y ont semé du haricot.

- Le 24 octobre à 8 heures du soir il en est arrivé d’autres d’Unión Hidalgo pour renforcer les envahisseurs qui occupent le terrain récupéré [en 1994, NdT] de nos compañeros bases de soutien.

2.- Ce conflit continue de toucher nos compañeros bases de soutien zapatiste vivant à Unión Hidalgo qui sont restés à veiller sur leurs maisons et autres biens à cause du déplacement de leurs familles vers une autre communauté sous les fortes menaces des paramilitaires du lieu, mentionnées dans notre seconde déclaration du 11 septembre dernier.

Le 16 octobre à 1 heure du matin, les groupes paramilitaires de la communauté Unión Hidalgo ont tiré cinq coups de feu groupés avec des armes de gros calibre ; ensuite, ils l’ont fait tous les quarts d’heure jusqu’à 3 heures du matin, 13 coups de feu au total, le dernier à 150 mètres de la maison d’un compañero base de soutien. Et à partir de 10 heures du soir le même jour, 2 forts coups de feu répétés sans cesse jusqu’à minuit. Pour continuer les menaces et le harcèlement sont arrivés 15 membres de la sécurité publique dans cette même communauté le 17 octobre.

3.- Le 25 octobre, sur le terrain envahi, à 5 heures et demie de l’après-midi les paramilitaires ont opéré un mouvement de type militaire en trois groupes de 6 par 6 avec des armes de gros calibre. Pendant ce mouvement ils ont envoyé une commission de 4 personnes des envahisseurs vers le campement des policiers, et ensuite, à 6 heures du soir, la police a fait également mouvement vers la rivière proche, là où ont pris position les envahisseurs. Et à 8 heures du soir, la sécurité publique a tiré trois coups de feu depuis l’endroit où ils sont installés.

La police de sécurité publique fait tous les jours des patrouilles de Sabanilla à San Patricio, et le soir et la nuit ils font mouvement de San Patricio au lieu occupé par les paramilitaires et à Unión Hidalgo. Quand les envahisseurs font mouvement, la police aussi se déplace ; on voit clairement qu’entre policiers et paramilitaires, ils constituent une seule force et ont une seule direction qui les conduit pour réaliser leurs actions belliqueuses et délictueuses. L’objectif principal de la police tient aux ordres de ses chefs Felipe Calderón, Juan Sabines [respectivement président de la république et gouverneur du Chiapas, NdT], Artemio Gómez Sánchez, président municipal de Sabanilla et Limber Gutiérrez Gómez, président municipal de Tila, pour préparer et entraîner au mieux les envahisseurs et pour qu’ils se sentent en sécurité quand ils commettent leurs actions de menace, vol, intimidation et harcèlement.

Le mauvais gouvernement dit, dans son écrit daté du 9 octobre 2012, que les groupes de San Patricio et Unión Hidalgo ont demandé au gouvernement de l’État d’un commun accord une présence policière dans le seul but de sauvegarder l’ordre et la coexistence pacifique des habitants du lieu ; il indique aussi qu’à tout moment ont été respectés les droits des militants de l’EZLN.

Quel besoin de policiers a ce groupe paramilitaire alors qu’ils ont eux-mêmes envahi le terrain de nos compañeros bases de soutien ?

Quel besoin en a ce groupe paramilitaire, alors qu’ils ont eux-mêmes déplacé femmes et enfants par les coups de feu qu’ils tirent continuellement ?

Quel besoin de la présence policière a ce groupe paramilitaire en un lieu où ils expulsent, dépouillent, volent et pillent tous les biens de nos compañeros à la vue de tous ?

Quel besoin de la présence policière en un lieu où les paramilitaires réalisent leurs actions de menaces et provocations guerrières sous le nez même des policiers ?

Quel type de danger craint ce groupe paramilitaire pour que le mauvais gouvernement justifie la présence policière et fasse droit à ses demandes ?

Quel type d’agression, de vol, de menaces et d’intimidation sont en train de commettre nos bases de soutien zapatiste pour qu’on exauce la demande de sécurité du groupe paramilitaire ?

Quel besoin de policiers a un groupe paramilitaire entraîné, armé, menant des actions d’expulsion, de menace et d’intimidation face à un groupe d’hommes, de femmes et d’enfants qui vivent en travaillant et cultivant leurs terres pour subvenir aux besoins de leur famille, et en supportant sans riposter l’agression de toutes les actions violentes et délictueuses de vols, menaces, expulsions, spoliation et déplacements ?

Le mauvais gouvernement devrait avoir honte de dire que ses policiers sont là pour sauvegarder l’ordre et la paix sociale, et qu’ils ont en face d’eux des vols, des menaces de mouvements paramilitaires et des tirs de gros calibre, ce sont des propos de malades mentaux, d’ivrognes et de drogués. Il devrait dire clairement qu’il a envoyé ses policiers pour sauvegarder ses paramilitaires, pour qu’ils expulsent, dépouillent, volent les biens et les récoltes de nos compañeros bases de soutien.

L’histoire ne s’est pas trompée, le mauvais gouvernement a toujours entraîné ses policiers, ses paramilitaires, à voler, à tuer, à faire disparaître, à expulser, à dépouiller les gens pauvres et innocents qui luttent pour vivre. Cette histoire, nous l’avons gardée dans le cœur de nos villages ; c’est comme ça qu’ils ont fait les années 95, 96 et 97 dans la commune de Sabanilla, la zone basse de Tila, ils ont commis beaucoup de vols, d’assassinats, de disparitions, de déplacements de population et d’incendies de maisons de familles innocentes ; jusqu’à présent, les responsables n’ont pas été punis, au contraire le mauvais gouvernement les a protégés. C’est-à-dire qu’il n’a pas été fait justice, pas plus que pour Acteal, pour la commune d’El Bosque (Chiapas), pour Atenco, pour Oaxaca, et avant cela l’année 1968 pour les étudiants à Tlatelolco, et bien d’autres morts dans notre pays.

Le mauvais gouvernement de Felipe Calderón et Juan Sabines n’a rien fait pour résoudre le conflit et tous ces délits du groupe paramilitaire, au contraire il envoie des renforts de policiers pour les envahisseurs au lieu de retirer ce groupe du terrain récupéré de nos compañeros ; le résultat, c’est qu’ils ont impulsé la violence pour imposer leur projet de « régularisation ».

Nous avons dit, et nous tenons cette position, que les terres récupérées en 1994, nous n’allons pas permettre qu’on nous les prenne. Cette histoire de régularisation, pour nous, c’est de la merde, ce n’est pas ça que nous exigeons. Cette terre a déjà été remise à ceux qui y vivent et la travaillent. En date du 29 avril, nous, le Conseil de bon gouvernement, sommes allés dans la communauté d’un cœur humain. Nous avons réuni les deux parties, c’est-à-dire nos bases de soutien et les officialistes, sans tenir compte des affiliations politiques, sans piège, sans utiliser tout un budget économique à acheter les autorités ou les représentants derrière le dos de la communauté pour les amener à se mettre d’accord pour baiser leur propre communauté. Nous y sommes allés et nous avons réuni aussi bien les autorités que les membres de la communauté, en prenant en compte ceux qui vivent et travaillent sur cette terre depuis bien des années pour faire vivre leurs familles et leurs enfants. Nous leur avons proposé que les terrains de San Patricio et Los Ángeles, ils reviennent aux officialistes pour qu’ils les travaillent et subviennent aux besoins de leurs familles, car nous savons bien qu’ils en ont totalement le droit vu le temps qu’ils ont passé à y vivre et y travailler ; et nos bases de soutien leur ont proposé de prendre aussi le terrain de La Lámpara. Tout cela a été accepté par les deux parties, aussi bien l’officielle que l’autonome. Nous, bien que cela nous ait coûté la réinstallation, nous l’avons fait avec la meilleure volonté et le cœur humain que nous avons en tant que zapatistes pour éviter des confrontations à cause de différences idéologiques, et pour que chaque groupe vive en harmonie dans la jouissance de ses droits agraires et exerce ses formes de vie et d’organisation comme ça lui convient le mieux. D’un commun accord, il a été dressé un acte de séparation des membres du noyau agraire, signé et scellé par les deux parties, l’autonome et l’officielle.

Dans la construction de notre autonomie par notre autogouvernement, nous ne reconnaissons pas ce mot de régularisation des terres. Le mauvais gouvernement l’utilise comme instrument pour manipuler les gens qui se laissent encore tromper, et qui croient qu’avec des papiers légaux ils vont vivre tranquilles dans la sécurité d’être maîtres de leurs terres et pouvoir mieux les travailler. Alors que plus tard, cela va juste servir à justifier une spoliation légale, parce que pour eux la terre est une marchandise qu’on peut acheter et vendre au moyen de papiers.

Nous, nous demandons où se trouve le droit des peuples indiens, premiers habitants de ces terres mexicaines. Où est leur droit d’exercer leur autogouvernement et leur libre détermination comme le prescrivent les conventions internationales et les Accords de San Andrés ?

C’est pourquoi nous disons à ces mauvais gouvernements de retirer leurs groupes de délinquants, ou c’est nous qui allons en prendre la détermination. Si quelqu’un meurt, ce sera vous les coupables et les responsables du sang versé. Ce sera une autre accusation en plus des plus de 70.000 morts assassinés sur votre ordre au niveau national.

Nous maintenons ce que nous disions dans notre troisième déclaration, si vous ne l’avez pas lue, il est temps de vous y mettre.

Vous savez bien que ce n’est pas la première fois que vous envoyez envahir vos groupes paramilitaires assassins, conseillés par vous ; la première fois a été le 10 septembre 2011, quand nos compañeros ont perdu tous leurs biens, cette fois-ci ça a été le 6 septembre 2012, où vous leur avez volé toutes leurs récoltes. Ce n’est pas juste que nos compañeros bases de soutien continuent à travailler et que leurs récoltes servent à entretenir la bouche et le cul de ces paramilitaires et de leurs femmes, ainsi que vous le faites avec ce que vous volez de l’économie du peuple du Mexique. Vous profitez de la vie avec vos femmes et vos enfants dans le dos du peuple pauvre qui travaille à la sueur de son front pour survivre, tandis que vous continuez à engraisser comme des cochons de batterie, vous n’avez vraiment pas de vergogne.

Nous vous demandons : qu’est-ce que vous voulez, avec tous ces méfaits ? Définissez-le, parlez clair comme nous le faisons, vous feriez mieux de dire carrément « nous voulons tuer ». Expulser, assassiner et voler. C’est vraiment dommage qu’au Mexique il existe un mauvais gouvernement qui au lieu d’intelligence a de la merde dans la cervelle.

Compañeros et compañeras, sœurs et frères, nous vous demandons de suivre avec attention toute cette situation si difficile que vivent aujourd’hui nos peuples en résistance.

Bien à vous

Commander en obéissant

Le document porte le cachet du Conseil de bon gouvernement « Nouvelle semence qui va produire », et il est signé par les représentants en service :

Paulina López Trujillo, José Martínez Flores, Angélica López Mondejos et Juventino Jiménez Pérez.

Traduit par el Viejo