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Répression à Tlapa, appel à solidarité

mercredi 10 juin 2015

CENTRE DES DROITS HUMAINS “TLACHINOLLAN”

LA POLICE FEDERALE TIRE SUR LA POPULATION DE TLAPA DE COMONFORT (GUERRERO), SUITE A UNE OPERATION POLICIERE INFRUCTUEUSE.

Tlapa de Comonfort, Guerrero, Mexique ; 7 juin 2015.

Le centre des droits humains Tlachinollan propose de signer la pétition en ligne "ACTION URGENTE. La Police Fédérale assassine un étudiant á Tlapa, Guerrero :

http://www.tlachinollan.org/accion-urgente-abre-fuego-policia-federal-contra-poblacion-civil-en-tlapa/

RELATION DES FAITS :

Ce 7 juin 2015, dans le contexte de la journée électorale, aux alentours de 14h30, deux patrouilles numérotées 1699 et 1566 de la police fédérale (PF) avec au moins 24 policiers à bord ont procédé à une perquisition arbitraire des bureaux de la Coordination des Travailleurs de l’Education de l’Etat du Guerrero (CETEG), situés dans le quartier “colonia Tepeyac” de la ville de Tlapa de Comonfort, à côté des bureaux de la délégation régionale des services éducatifs du Secrétariat de l’Education du Guerrero (SEG). Un groupe de professeurs fut alors violemment détenus, sans aucun ordre d’arrestation : 6 hommes, et parmi eux un mineur : Juan Sánchez Gaspar, Pablo Abad Díaz, Julián Ayerdi Chavelas, Raúl Sierra de Jesús, Francisco Ortega Vicente, Ángel Basurto Ortega, et deux femmes : Agustina Luna Martínez et Herlinda Iturbide Pinzón.

A noter que le professeur Juan Sánchez Gaspar fut arrêté á son domicile, situé à côté du bâtiment de la CETEG, dans lequel la Police Fédérale est entrée de manière arbitraire. Il faut signaler que le professeur Juan Sánchez Gaspar est le père de l’enseignant Juan Leuguín Sánchez, qui avait été brutalement frappé par la Police de l’Etat du Guerrero et par des groupes de personnes armées liées aux différents partis politiques, le vendredi 5 juin 2015 dernier dans cette même ville.

Après la détention des professeurs, au moins 35 éléments de la Police Fédérale sont revenus à nouveau dans la colonia Tepeyac à bord de 3 patrouilles portant les plaques 16998, 15442 et 17119, afin de perquisitionner de nouveau les installations de la CETEG et d’emmener deux camionnettes appartenant à la Coordination, raison pour laquelle deux grues appartenant à la direction du transit de l’Etat étaient également sur place.

Témoins de l’arbitraire des faits, différents voisins et voisines du quartier sortirent alors dans les rues et commencèrent à protester, exigeant des explications des politiques. La querelle se fit plus forte et, poussés par l’indignante image des détentions arbitraires et de la perquisition des bureaux de la CETEG, les habitants du quartier décidèrent alors d’empêcher le départ des 35 policiers fédéraux, en les avertissant qu’ils ne les laisseraient pas s’en aller tant que ne seraient pas libérées les personnes détenues de manière arbitraire, qui étaient alors transférées vers la ville de Mexico dans un hélicoptère de la Marine.

En réponse à la rétention des policiers, la Police Fédérale déploya vers 15 heures un volumineux dispositif de plusieurs centaines d’effectifs et boucla le quartier, ce qui généra un climat de tension qui se prolongea durant deux heures. Cette situation put être apaisée du fait de l’intervention du centre des droits humains Tlachinollan, ce qui permit à la CETEG d’arriver à un accord avec les autorités fédérales permettant le retour des détenus à Tlapa et la libération des policiers une fois que le groupe de détenus serait retournés à la ville de Tlapa. Un autre accord fut également conclu visant à ce que le déploiement des forces de la Police Fédérale en cours dans les différents quartiers des alentours soit déplacé à deux kilomètres de l’endroit où étaient retenus les policiers, le long de la rue Heroico Colegio Militar, afin d’éviter de nouvelles confrontations.

Durant l’attente, aux alentours de 18 heures 30, les policiers retenus furent transférés à la chapelle de la Colonia Tepeyac afin de les protéger des groupes extérieurs à la Colonia, raison pour laquelle leur fut demander de laisser à l’entrée leurs boucliers, leurs casques et leurs matraques. Il faut mentionner que jusque-là, les policiers n’avaient pas été désarmés, et qu’il leur fut juste demandé de se défaire de leur équipement. A l’intérieur de l’église, des femmes, des jeunes et des enfants assuraient la garde. Dans le cadre de la médiation, le centre Tlachinollan se rendit à la chapelle afin de constater le respect de l’intégrité physique des policiers, et informer les familles des personnes détenues du fait que leurs proches allaient être rapatriés vers Tlapa une fois qu’ils seraient reconduits à Chilpancingo par hélicoptère, et que de là ils seraient acheminés à Tlapa par voie terrestre.

Toutefois aux environs de 20 heures du soir, la Police Fédérale réactiva le dispositif de police et pénétra dans le quartier, malgré les accords obtenus entre le gouvernement fédéral et les professeurs de la CETEG ; des armes à feu, des gaz lacrymogènes et d’autres types de gaz furent utilisés durant l’opération, ce qui terrorisa les familles qui étaient dans l’attente de nouvelles quant au retour de leurs proches détenus. Différents témoignages font état de la possible participation d’éléments du 93e bataillon d’infanterie de Tlapa dans l’opération.

Durant le déploiement totalement disproportionné de l’opération de la Police Fédérale, selon les témoignages rassemblés, des effectifs de cette corporation auraient pénétré dans des domiciles et aspergé de gaz lacrymogène les familles du quartier de la Colonia Tepeyac, générant un nombre indéterminé de blessés et de personnes en état de choc.

On dénombre pour le moment 4 personnes gravement blessées et une personne assassinée par balle, le jeune Antonio Vivar Díaz, père d’un petit garçon de huit mois et étudiant de dernière année de la licence en Développement Communautaire Intégral spécialisation Systèmes Normatifs des Peuples Autochtones de l’Université Pédagogique Nationale (UPN), située dans le quartier Unidad 12-D de Tlapa de Comonfort.

APPEL A MOBILISATION :

Il faut ici rappeler que ces faits se sont déroulés dans le contexte de la journée des élections, au Guerrero et dans d’autres Etats comme Oaxaca, Michoacán et le Chiapas, durant laquelle un nombre alarmant d’effectifs des forces de sécurité tant étatiques que fédérales étaient déployées ainsi que des militaires, ce qui, comme nous le signalions déjà quelques jours auparavant, constitue un signe évident de la rétrocession autoritaire à laquelle fait face le processus de construction démocratique dans le pays.

Les faits survenus sont également le dernier acte fatidique de toute une série d’évènements dénoncés auparavant par les organisations de la société civile, comme les évenements ayant eu lieu le vendredi 5 juin, lorsque la police de l’Etat du Guerrero réprima violemment des membres du mouvement Populaire Guerrerense (MPG) et de la Coordination des Travailleurs de l’Education de l’Etat du Guerrero (CETEG) dans cette même ville de Tlapa ; la police permit et protégea de plus l’action violente de groupes de personnes armées liées à différents partis politiques, qui se sont affrontés aux gens du mouvement social. On compte à l’heure actuelle au moins deux personnes gravement blessées, l’une d’entre elles se trouvant toujours hospitalisée.

Ces évènements se déroulent également à un peu plus de huit mois de l’exécution de trois étudiants de l’école normale rurale d Ayotzinapa “Raúl Isidro Burgos” et de la disparition forcée de 43 autres aux mains de policiers municipaux d’Iguala liés au narcotrafic. Et presque trois et demi apres l’exécution dans la ville de Chilpancingo de deux étudiants de la même école normale, suite aux tirs par armes à feu effectués par des forces de police étatiques et fédérales (PF), durant une tentative infructueuse visant à disperser une manifestation étudiante.

En conséquence, nous pressons la société civile et la communauté internationale d’exiger :

-  Que soit garantie l’intégrité de la population de Tlapa et celle des personnes détenues par la Police Fédérale au sein des bâtiments de la CETEG.

-  Que soit menée une enquête indépendante, rapide et efficace sur la totalité des faits survenus le 7 juin, avec une focalisation particulière sur l’exécution du jeune Antonio Vivar Díaz ; ainsi que le jugement des autorités responsables des faits.

-  Que des enquêtes administratives et judiciaires soient ouvertes contre les autorités étatiques et fédérales qui n’ont pas respecté leur devoir de prévention raisonnable de l’accomplissement de telles graves violations aux droits humains.

-  De garantir l’attention médicale et psychologique intégrale des personnes blessées.

-  D’établir la vérité et de réparer intégralement les dégâts provoqués aux victimes et à leurs familles.

Adressez vos appels à :

Lic. Miguel Ángel Osorio Chong
Secretario de Gobernación.
C. Abraham González No.48, Col. Juárez, Del. Cuauhtémoc C. P. 06600,
México, D. F. – Tel. (55) 5728-7400 ó 7300. secretario@segob.gob.mx

Mtra. Arely Gomez González
Procuradora General de la República
Paseo de la Reforma 211-213, Piso 16
Col. Cuauhtémoc, Del. Cuauhtémoc, C.P. 06500 México D. F.
Tel : (52.55) 53460000 ext. 0108
Fax : (52.55) 5346.0928
Correo : ofproc@pgr.gob.mx

Lic. Monte Alejandro Rubido García
Comisionado Nacional de Seguridad
Secretaría de Gobernación.
Av. Constituyentes #947 Col. Belén de las Flores, Del. Álvaro Obregón
Distrito Federal CP. 01110 Tel. (55)1103 6000

Lic. Rogelio Ortega Martínez
Gobernador del Estado de Guerrero, Palacio de Gobierno, Edificio Centro
2do. Piso, Col. Ciudad de los Servicios, C.P. 39074 Chilpancingo,
Guerrero, México, Fax : +52 747 471 9956.

Lic. David Cienfuegos Salgado
Secretario de Gobierno del Estado de Guerrero Palacio de Gobierno,
Edificio Norte, 2º Piso., Boulevard Lic. René Juárez Cisneros No. 62.
Col. Cd, de los Servicios, C.P. 39074, Chilpancingo, Gro. Tel : (747) 471
9803, 471 9804, 471 9806 contacto@guerrero.gob.mx,
secretariageneral@guerrero.gob.mx

Miguel Ángel Godínez Muñoz
Fiscal General del Estado de Guerrero
Fiscalía General del Estado de Guerrero
Boulevard René Juárez Cisneros S/N, esquina calle Juan Jiménez Sánchez
Col. El Potrerito, C.P. 39098, Chilpancingo, Guerrero.
Tel. 01 747 494 29 99
pgj@guerrero.gob.mx

Dr. Luis Raúl González Pérez
Presidente de la Comisión Nacional de Derechos Humanos Edificio “Héctor
Fix Zamudio”, Blvd. Adolfo López Mateos 1922, 6° piso, Col. Tlacopac San
Ángel, Del. Álvaro Obregón, C.P. 01040, México, D.F. Tels. y fax (55) 56
81 81 25 y 54 90 74 00 correo@cndh.org.mx, presidencia@cndh.org.mx

Lic. Ramón Navarrete Magdaleno
Presidente de la Comisión de Defensa de los Derechos Humanos del Estado
de Guerrero (Coddehum) Avda. Juárez, Esq. Galo Soberón y Parra Col.
Centro, 39000, Chilpancingo, Guerrero, México. Teléfono : (+52) (01) 747
471 21 90 Fax : (+52) (01) 747 471 2190 E-mail : coddehum@prodigy.net.mx

Javier Hernández Valencia
Oficina del Alto Comisionado para las Naciones Unidas
Alejandro Dumas No 165,Col. Polanco. Del. Miguel Hidalgo. C.P 11560,
México D.F.
Tel : (52-55) 5061-6350 ; Fax : (52-55) 5061-6358
Correo : quejasoacnudhmexico@ohchr.org ; oacnudh@ohchr.org

Dr. Emilio Alvarez Icaza
Secretario Ejecutivo de la Comisión Interamericana de Derechos Humanos
1889 F Street, N.W. Washington, D.C., 20006 U.S.A.
Tel : 202-458-6002 Fax : 202-458-3992
cidhoea@oas.org

Centre des droits humains "Tlachinollan" de la Montaña du Guerrero

Source : http://www.tlachinollan.org/accion-urgente-abre-fuego-policia-federal-contra-poblacion-civil-en-tlapa/ .

Traduction 7nubS


Les huit personnes arretées ce jour-lá ont été libérées le lendemain, surement pour ne pas faire trop de vagues suite au lourd bilan de l’opération policiere.

Ni perdon, ni olvido

Et comme l’ont exprimé ses proches durant son enterrement,

"Toño", tu espirito de lucha sigue vivo...