Comité de solidarité avec les peuples du Chiapas en lutte

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Dans le cadre de la semaine internationale

Liberté pour Miguel d’Eloxochitlan et pour Roque Coca

en solidarité avec les prisonniers anarchistes

mercredi 2 septembre 2015

Dans le cadre de la semaine internationale en solidarité avec les
prisonniers anarchistes, ami-e-s, compagnon-nes, familles et individus
solidaires de l’assemblée communautaire d’Eloxochitlán de Flores Magón
ont lancé un appel à la solidarité pour exiger la rapide libération de
Miguel Ángel Peralta Betanzos, emprisonné dans le centre pénitentiaire de
Cuicatlán, tout comme des neufs prisonniers de l’assemblée communautaire d’Eloxochitlán de Flores Magón, qui se trouvent emprisonnés à Ixcotel, ainsi que la suspension des ordres d’appréhension des membres de l’assemblée, et la libération de Roque Coca, indigène mixtèque arrêté à Oaxaca le 7 juin dernier et incarcéré dans la prison del Perote, Veracruz.

[note. Roque Coca, compagnon de barricade de Miguel et de nombreux autres compas durant le soulèvement de Oaxaca en 2006, a été arrêté dans cette même ville le 7 juin dernier, au terme de la journée de lutte contre la campagne électorale. Il est depuis emprisonné en compagnie de 7 autres autres personnes dans le penal del Perote, sans qu’acune accusation ne lui ait été notifiée jusqu’à présent].

Communiqué « Le système d’application de la justice à Oaxaca est pourri, de fait il empeste ! »

Après 110 jours de détention de notre compañero Miguel Ángel Peralta
Betanzos, membre de l’assemblée communautaire d’Eloxochitlán de Flores
Magón, Oaxaca, nous voulons vous faire savoir que le procès juridique qui
s’est déroulé jusqu’à maintenant a été une nouvelle fois perturbé par ceux
qui disent rendre la justice dans ce pays.

Après la sentence d’emprisonnement que le juge de Huautla de Jiménez,
Oaxaca a prononcé le 7 mai, sa défense a opposé deux appels pour exiger la liberté de Miguel. Le délai juridique étant de trois mois, soit avant la
date du 7 août, ces recours auraient du être résolus, cependant le juge de
Huautla n’a pas permis le déroulement du procès puisqu’il a retenu les
documents qui avaient été sollicités par les juges de Oaxaca pour résoudre
la situation légalement. Au jour d’aujourd’hui, trois audiences ont été
reportées suite aux omissions du juge de Huautla, c’est pour cela qu’est
prévue le lundi 24 août la prochaine audience pour résoudre un des recours
juridiques [NOTE : L’AUDIENCE DE MIGUEL A DE NOUVEAU ÉTÉ REPORTÉE AU 24 SEPTEMBRE PROCHAIN].

(...)

De même, nous exigeons la libération de notre compagnon Roque Coca, détenu le 7 juin dans la ville de Oaxaca, incarcéré depuis en compagnie de 7sept autres indigènes dans la prison de Perote, Veracruz, sans avoir reçu de notification légale de la raison pour laquelle il se trouvait là, de qui
l’accuse et de quoi.

Liberté immédiate pour les 10 prisonniers de l’Assemblée Communautaire d’Eloxochitlán de Flores Magón incarcérées pour raisons politiques !!!

Liberté immédiate pour Roque Coca !!

Armée hors des rues de Oaxaca !!!

"La rébellion c’est la vie, la soumission c’est la mort"
Ricardo Flores Magón

Prisonniers et prisonnières, liberté !!

Ami-e-s, compagnon-nes, familles et individus solidaires de l ?assemblée
communautaire d’Eloxochitlán de Flores Magón

18 août 2015

Plus d’informations sur le cas de Miguel Peralta Betanzos
sur le site de Libéronsles !


ECRITS DE PRISON

Un jour de plus, c’est toujours un jour de moins
Par Miguel Betanzos


La prison un centre de réadaptation sociale ? Ah ! Ah ! Ah ! Laissez-moi
rire.

Un espace de ségrégation des individus-personnes, de discrimination, de
non personnes, d’exclusions, de sans droits, de sous-alimentation, de non
accès à la santé, un espace d’isolement, sans éducation, certainement pas
un espace d’épanouissement de la sexualité.

Toujours obéir à des ordres, à des règles "de bon comportement ou de bonne conduite", à des horaires établis et des appels à cause de la fameuse fuite, l’évasion ; des espaces mal organisés, ou plutôt pas d’espace, pour les loisirs, le travail ou pour faire du sport et des installations en très mauvais état, bref, un lieu de détenus et de surveillants, de policiers et de directeur, de balances, pourquoi ne pas le signaler.

Selon les dires du directeur et des surveillants nous sommes au paradis,
mais pour nous qui nous trouvons ici et pour ceux qui ont été dans
d’autres centres pénitentiaires, toutes les prisons sont les mêmes.

En ces lieux, la faune est diverse et habituellement l’agitation commence
à 6:00.

Les cinq chargés de préparer les aliments ouvrent la cuisine, le bruit
commence avec le son des casseroles et des cuillères, tout un orchestre,
même les oiseaux les accompagnent. On commence à entendre les premiers bonjours, dans le petit couloir entre la cuisine, la menuiserie et les toilettes.

7:00 du matin, c’est l’appel, toujours ponctuel, les yeux baissés, ça
c’est leur discipline. Après l’appel on se met en rang pour la
distribution des outils de travail dans la cage, ils ouvrent la
menuiserie, ils allument la scie circulaire et la radio s’y mêle aussi.
Parfois on n’arrive pas à faire la différence entre un son et un bruit, il
y en a toujours un pour siffler une chanson du coin, une chilienne pour
changer un peu et diversifier ! On se réunit aussi dans l’espace fumeur
pour partager une cigarette et raconter les histoires qui nous arrivaient
là-bas quand on était dehors et il y a aussi l’ouverture de la petite
boutique où l’on peut acquérir divers articles pour l’hygiène personnelle,
savon, dentifrice, rasoir, et aussi des gâteaux secs, des chips, des
tartes, des bonbons, etc.

Aux environs des 7:30 on entend la voix de celui qui est chargé de
distribuer les tâches de nettoyage des toilettes, des douches, couloir et
cuisine, manaaaaaaaaaaaaaards, manaaaaaaaaards (tâcherons). Comme des moutons que le berger appelle pour leur donner du sel, ceux dont c’est le tour accourent et on distribue les tâches : recycler les poubelles,
ramasser les papiers des toilettes, pour German et Mario les fourneaux
(comal), laver et passer la serpillière, pour Carlos nettoyer le couloir,
pour Torres nettoyer la table, pour Ernesto laver les casseroles. C’est
comme ça pendant tout un mois, chacun essaie de se réveiller avec son
activité et la musique de l’eau commence, on rince, on arrose et on
rassemble les seaux, chaque goutte tape sur un tambour. Et quand c’est
fini tout s’en va et il ne reste que notre corps. Mais ce que l ?on peut
faire comprendre c’est que notre esprit, nos pensées, nos rêves sont
libres, eux ne rentreront jamais dans la routine qu’impose le système. Les
barreaux se diluent et on traverse les murs, les chants des oiseaux
accompagnent l’eau, s’assemblent avec les coups de tonnerre et les éclairs
dans le ciel.

Et ainsi la journée s’en va, ils nous l’ont prise, ils nous l’ont volée.

Écrits de prison, Miguel Betanzos

Juillet 2015, écrits envoyés pour la IIIe Rencontre contre l’emprisonnement et pour la liberté qui a eu lieu à Oaxaca, Mexique en juin dernier

Traduction : Amparo, Patxi et Les trois passants
Correction : Myriam et Val