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communiqué de Regeneración Radio

Attaque d’hommes de main contre « Regeneración Radio »

mercredi 30 septembre 2015

Attaque d’hommes de main contre « Regeneración Radio »,
radio libre contre le pouvoir

Communiqué de Regeneración Radio

Au peuple mexicain,

À la Sexta Nationale et Internationale,

Aux organisations et aux collectifs,

À la communauté universitaire.

Aujourd’hui nous voulons vous faire part de l’escalade de violence contre notre espace. Aujourd’hui les conditions ne sont plus réunies pour nous permettre de réaliser nos activités comme média libre, principalement dans notre cabine d’émission de radio.

Il y a deux semaines a débuté la campagne pour l’élection du nouveau directeur du Collège de Sciences Humaines – CCH siège Vallejo [1] (lieu où se trouve la cabine d’émission de Regeneración Radio). Il y a deux semaines, cette escalade de la violence s’est accentuée suite à l’activation du groupe de choc « groupe de porros 3 de marzo » [2]. Les participants à ces élections cherchent à tirer profit de ces événements, en offrant la paix dans l’école et promettant d’en finir avec nous tous. Coïncidence, ces attaques « porriles » ? Ou tout est-il programmé pour créer l’instabilité dans l’établissement et qu’apparaisse l’homme providentiel qui, avec sa baguette magique ou son gant de fer, mettra fin à l’organisation du CCH Vallejo et aux projets comme Regeneración Radio ?

Pourquoi les conditions de transmission ne sont-elles plus réunies aujourd’hui ?

Le 14 février 2015, alors qu’il attendait le bus à la porte de l’établissement, un des membres de Regeneración Radio a été frappé par Jorge Anhuar Batalla Martínez (membre du « groupe de porros 3 de marzo »), ce qui a entraîné la perte de 80% de la vision de son œil droit. Un procès a été intenté contre l’agresseur mais à ce jour il jouit toujours de l’impunité.

Le jeudi 17 septembre un membre d’un autre collectif a été frappé à l’intérieur de l’école, sous les yeux des vigiles, sans que ceux-ci n’interviennent pour empêcher l’agression. Les conséquences ont été les suivantes : déviation de la cloison nasale et traumatisme crânien.

Le jeudi 10 septembre, alors que le groupe d’hommes de main tentait de pénétrer dans l’enceinte de l’établissement, un de nos compagnons a été profondément blessé à la lèvre supérieure ; la blessure a atteint la partie interne de la bouche.

Les membres de ce groupe délinquant portent des armes à feu, dont ils se sont servis à plusieurs reprises pour menacer les membres de collectifs et des étudiants organisés. Ils sont aussi venus menacer et intimider, armés de bâtons et de barres de fer, à l’extérieur des espaces d’organisation.

Ces dernières semaines des rumeurs ont circulé concernant de possibles attaques de ce groupe d’hommes de main, provoquant un climat d’incertitude et de tension. Et tout laisse craindre que des attaques plus fortes ne se produisent dans les jours à venir.

Qui se trouve derrière ce groupe de choc ?

Delia Gámez, la directrice actuelle, qui assure l’intérim de la direction ? Jesús Salinas, qui est à la tête de la Direction Générale des CCHs ? Lucia Laura Muñoz Corona, ex-directrice de cet établissement et aujourd’hui candidate ? L’un des candidats à l’élection, parmi la vingtaine qui s’y présente ? José Narro, Recteur de la UNAM ? Víctor Hugo Lobo, titulaire de la Délégation GAM, qui a formé un autre groupe de choc dénommé « Los lobos », commandé par certains des dirigeants des groupes porriles du CCH Vallejo ? Ou Miguel Ángel Mancera, le chef de gouvernement flambant neuf de la Ville de Mexico, spécialiste des attaques contre ceux qui choisissent de s’organiser ?

Les autorités ont protégé ce groupe de choc pendant des années. Nous dénonçons leurs méthodes pour assurer la sécurité de la communauté étudiante, car elles sont inefficaces. Le programme « Sendero Seguro » (Chemin Sûr) en est un exemple. Ou encore les procédures judiciaires et de sécurité, ainsi que les soi-disantes méthodes employées suite à des réunions avec le Gouvernement de la Ville de Mexico, durant lesquelles le Secrétariat de la Sécurité Publique (SSP) a ignoré tout type d’attentat commis par les groupes porriles, les protégeant et les défendant avec leurs propres patrouilles.

Dans ce contexte, nous rendons la Direction Générale des CCHs, la directrice actuelle par intérim et le corps judiciaire et policier responsables de toute agression éventuelle.

Une atteinte au droit de communication

Chacune des administrations a travaillé à discréditer les lieux qui se trouvent à l’intérieur de l’établissement, en commençant par ceux des étudiants, les lieux culturels, politiques, et bien entendu celui de communication : Regeneración Radio.

Les attaques des groupes de pouvoir aux ordres de la direction d’un côté, et les attaques des groupes porriles de l’autre, font qu’il nous est impossible d’exercer librement le droit à la communication.

Ces attaques sont dirigées contre le droit de communication que nous défendons, contre l’espace dans lequel nous travaillons, de la radio à la rédaction des contenus de notre site web en passant par l’investigation.

Que l’on veuille nous bâillonner n’est pas une coïncidence, juste un an après la disparition et l’assassinat de nos compagnons de l’École Normale Rurale Raúl Isidro Burgos d’Ayotzinapa, et tout juste à l’approche de la date de la commémoration historique du massacre du 2 octobre 1968.

Un appel à la défense des lieux de communication

Dans ce contexte, nous lançons un appel aux organisations sociales, aux collectifs et aux individus à rester vigilants, et à se solidariser avec nous afin de faire cesser les attaques.

Compagnons, nous vous demandons de lutter à nos côtés pour défendre notre espace. Vous connaissez notre travail, vous connaissez le travail de communication que nous avons mené tout au long de ces 16 années et comme vous, nous savons que ces situations ne cesseront qu’avec l’union dans la lutte et la résistance.

Depuis le nord de la ville de Mexico

Regeneración Radio

Communication contre le pouvoir

Traduction et correction : Amparo, Valérie et les trois passants

publié sur le site Libéronsles !

relecture 7nubS


[1Le Collège de Sciences Humaines (CCH), siège Vallejo, est une sorte de lycée public de dimension universitaire - plusieurs dizaines de milliers d’étudiants- sous l’administration de l’Université Nationale Autonome du Mexique (UNAM).

[2groupes violents, liés aux autorités, et formant des sortes de milices étudiantes à l’intérieur des universités