Comité de solidarité avec les peuples du Chiapas en lutte

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AYOTZINAPA : NOUS NE LES OUBLIONS PAS

lundi 3 novembre 2014

tract version francaise :

lettre en castillan ici

compte-rendu des actions en solidarité avec Ayotzinapa :

- NOUS NE LES OUBLIONS PAS

Aux étudiants d’Ayotzinapa, à leurs proches et à leur famille.

A toutes les personnes qui sont solidaires avec eux, au Mexique et dans le monde.

A l’EZLN, au Congrès National Indigène, et à la “Sexta” du Mexique et du monde,

C’est-à-dire aux gens qui, partout, luttent depuis, par et pour celles et ceux d’en bas.

Compas :

A six semaines de l’attaque qu’ont dû subir les étudiants d’Ayotzinapa, la douleur et la rage qu’elles ont provoquées restent vives, pas seulement au Mexique, mais dans le monde entier.

En France, nous avons décidé de participer à différentes activités et offrir nos offrandes aux morts, afin de partager cette terrible douleur du Mexique avec les gens d’ici, mais aussi afin de partager la douleur de toutes celles et ceux tué.e.s, assassiné.e.s, ou disparu.e.s par les polices et les corps armés des Etats, au Mexique, en France et partout ailleurs.

Tout d’abord, nous avons pensé qu’il fallait que nous rompions l’hypocrisie et les mensonges de l’ambassade mexicaine, qui cherchait à profiter de la fête des morts pour faire sa promotion et vendre une image simplement folklorique du Mexique. Donc nous avons décidé de nous immiscer dans le festival officiel de la fête des morts, pour dénoncer ce qui s’est passé à Ayotzinapa, et dire que cette attaque horrible ne sera pas réduite au silence par l’infamie et par l’oubli. Nous sommes donc allés à l’inauguration du festival avec différentes compañeras et compañeros, car l’ambassadrice du Mexique devait y prendre la parole. Nous y avons distribué des tracts dénonçant la répression du narco-gouvernement, et nous avons rendues visibles les visages des 43 disparus, car jamais nous n’accepterons que leur vie soit volée, passée sous silence et assassinée par l’Etat, car c’est en vie que nous les attendons. Le jour suivant, nous sommes retournés avec d’autres compas au centre culturel mexicain afin de dénoncer ces gens infects qui préfèrent discuter sur les « couleurs, les odeurs et les senteurs de la fête des morts », plutôt que de dénoncer ce qu’il s’est passé à Ayotzinapa, et lutter pour la réapparition en vie des disparus.

Durant ces interventions, nous avons également tenus à dénoncé le rôle ambigu joué par les Etats occidentaux, car il nous semble clair que ces derniers cherchent à utiliser ces évènements pour imposer de manière impérialiste des forces militarisées plus liées à leurs propres intérêts, comme le prouve le déploiement dans la zone de la « gendarmerie nationale » (formée par les Etats français, colombiens et isrëliens) qui, selon les propres sources officielles, auront pour mission de protéger l’extraction de matières premières ainsi que les « chaines productives » définies par les chambres patronales, qui seraient mises en danger par des « groupes criminels » - c’est-à-dire plutôt par des groupes « subversifs », ou nocifs à leurs propres intérêts prédateurs.

C’est pour cela que nous tenons à affirmer que, de notre part, nous n’avons aucune confiance dans les agissements de la France, de l’Union Européenne ou d’un quelconque autre pays, car nous savons bien que seuls ceux d’en bas sont à même de protéger réellement le peuple. Nous appelons donc toute la solidarité internationale à ne demander aucune intervention de ceux d’en haut, mais au contraire, à se solidariser avec ceux d’en bas, et lutter pour la libération de Nestora Salgado, de Marco Antonio Suastegui Muñoz, des gardes communautaires de Ostula, ainsi que de tous les éléments des polices communautaires injustement incarcérés ur leur détermination à défendre leurs villages eux-mêmes.

* * *

Mais au-delà de leurs évènements à eux, nous avons voulu faire aussi nous-mêmes notre propre fête des morts, et profiter de cette occasion pour partager un peu avec vous la mémoire des personnes qui ici même ont été tués par la police française. L’horreur à laquelle vous êtes confrontés n’a clairement aujourd’hui aucun équivalent dans ce pays qu’est la France. Mais, comme vous le savez peut-être, ici aussi ceux d’en haut ont les mains tâchées par le sang, comme l’a illustré le 26 octobre dernier l’assassinat par la gendarmerie française d’un jeune manifestant de 21 ans, Rémi Fraisse. Lui, comme des milliers d’autres, s’opposait à la construction d’un barrage qui avait déjà commencé à détruire plusieurs hectares de forêt et une des dernières zones humides du Tarn, dans le sud-ouest de la France. Il est mort lorsque les gendarmes, grâce à une autorisation accordée par ce gouvernement socialiste, ont décidé d’utiliser des armes de guerre (des grenades ofensives), pour repousser les jeunes qui tentaient de les expulser des lieux. Depuis lors, dans tout le pays se multiplient activités de solidarités et manifestations, malgré l’interdiction de manifester et la fermeture administrative des universités qui pourraient prendre position par rapport à ce qui s’est passé.

Ce crime d’Etat n’est pas exceptionnel en France, et n’est pas non plus un fait isolé. Sans revenir à la déportation de dizaines de milliers de juifs par le gouvernement durant la deuxième guerre mondiale, au massacre de centaine d’algériens en octobre 1961 à Paris, et à tous les massacres coloniaux opérées par l’armées française, en fait, chaque année, des gens sont assassinés par les flics dans les quartiers populaires, et ce sont des frères, des parents, des enfants, des proches et des voisins qui crient du même coup pour dénoncer l’impunité totale avec laquelle la police française procède. Ce premier novembre, nous nous sommes donc remémorés par des projections comment, il y a sept ans, la police a tué dans une impunité totale Lamine Dieng, un jeune du quartier, pas très loin de l’endroit où nous nous trouvions (le local du syndicat de la CNT, dans le 20e arrondissement). Et en se remémorant aussi à cette occasion, la mort de Bouna et Zied, 17 et 15 ans, morts un 27 octobre en tentant d’échapper à la persécution de la police ; la mort de Sébastien Briat, un autre jeune, mort le 7 novembre 2004, écrasé par un train de déchets nucléaires dans l’est de la France ; et tout autant celle d’Amine Bentounsi, de Wissam el-Wahid, d’Ali Ziri, de Youssef Kaïf, de Mohammed Berrichi et de bien d’autres, dont l’histoire nous a été un peu contée par des personnes provenant de la banlieue parisienne de Dammarie-les-Lys, par des personnes du collectif « Angles morts » (https://fr-fr.facebook.com/collectif.anglesmorts), et de l’ex-collectif « Vies volées »
(http://atouteslesvictimes.samizdat.net/).

Etaient également présents à nos côtés différents compas originaires d’autres pays d’ »Amérique latine » : des colombiens, des boliviens, des caribéens et des chiliens venus chacun avec la mémoire de leurs propres morts, spécialement celle des compas mapuche. Nous ne pouvions pas non plus oublier les assassinats effectués par l’Armée Israélienne en Palestine, ni les kurdes et les victimes actuelles des guerres au « Moyen Orient ». Ni non plus la mort récente et accidentelle d’un de nos compagnons de route, Nacer, qui venait et était toujours présent à nos évènements.

C’est donc avec mémoire de tous celles et ceux à qui la vie a été dérobé, qu’ils vivent à Paris, au Mexique et dans n’importe quelle partie du monde, que nous continuons à lutter et à fraterniser entre nous tou.te.s, pour qu’un jour nous ne mourions plus ainsi et que ni l’impunité, ni l’oubli ne nous fassent jamais plus souffrir.

Compas, à vous toutes nos embrassades, et toutes nos pensées pour ceux qui ne sont plus, mais qui dans nos cœurs restent en vie.

Novembre 2014

Comité de Solidarité avec les Peuples du Chiapas en Lutte (CSPCL) – Paris.

Solidarité avec Ayotzinapa, nos morts et disparus, ici et là-bas

Le CSPCL (Paris, France) et Tierra y libertad pour Arauco, a voulu s’associer à la solidarité avec les disparus d’Ayotzinapa et tous ceux qui subissent la violence et la répression des trois niveaux de mauvais gouvernement au mexique.

Nous avons donc organisé des actions les jeudi 30, vendredi 31 octobre et samedi 1er novembre, auxquels on participé des sympathisants, et différentes collectifs et personnes solidaires et révoltés.

Lors du FIDM (Festival international Du jour des Morts), financé par l’ambassade en France narco- état mexicain, le jeudi 30, à l’église Saint Merri et le 31, au centre culturel mexicains, les photos des 43 disparus ont été déployées et des tracts distribués. Nous avons à cette occasion pu manifester notre indignation et notre rage face à l’ignominie des gouvernements.

Le premier novembre, nous avons tenu à manifester notre solidarité et rendre hommage à tous nos morts et disparus, victimes du pouvoir et de l’état assassin, ici et là-bas. Dans les locaux de la CNT, nous avons organisé une projection-discussion ainsi qu’un repas auxquels ont participé une 60aine de personnes, dont des proches de personnes assassinées en France par la police.

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