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Communiqué commun du CNI et de l’EZLN : répression sanglante contre la communauté Purépecha d’Arantepacua, dans le Michoacán

lundi 10 avril 2017

Communiqué commun du CNI et de l’EZLN dénonçant la répression contre la communauté Purépecha d’Arantepacua, dans le Michoacán.

A la Communauté Purépecha d’Arantepacua, Michoacán,
Aux médias alternatifs,
Aux peuples du monde.

Nous, le Congrès National Indigène, les peuples, nations et tribus qui le conformons, manifestons notre indignation concernant la lâche attaque du mauvais gouvernement contre la communauté purépecha d’Arantepacua, au Michoacán, les 4 et 5 avril de cette année.

Alors qu’une commission de comuneros cherchait à mettre en place une table de dialogue avec le mauvais gouvernement de l’État du Michoacán, le gouverneur Silvano Aureoles Conejo les a trahis. Tout d’abord en obstruant leur passage avec des centaines de CRS et des dizaines de camions alors qu’ils se dirigeaient à Morelia dans le but de tenter d’arriver à des accords qui permettraient la résolution d’un vieux conflit agraire. Ensuite, alors que la commission était en négociation avec le gouvernement, quand de nombreux contingents de la Police du Michoacán et de la Police Ministérielle de l’État ont attaqué la communauté avec l’aide des forces fédérales, semant la terreur, pénétrant dans les habitations pour arrêter les communeros et ouvrant le feu aveuglément, arrachant la vie à trois comuneros d’Arantepacua :

José Carlos Jiménez Crisóstomo (25 ans)
Luis Gustavo Hernández Cuenete (15 ans)
Francisco Jiménez Alejandre (70 ans approximativement).

En plus, il y a eu une quantité indéterminée de blessés, parmi lesquels deux se trouvent dans un état grave [NdT : l’un d’entre eux est décédé depuis], et 38 habitants ont été détenus par le gouvernement du Michoacán le 4 avril, et 18 de plus le 5 avril, accusés de délits fabriqués pour criminaliser l’exigence de leurs droits.

Frères et soeurs d’Arantepacua, votre douleur suite à l’assassinat de ces compañeros est nôtre. Nous luttons parce que nous avons la certitude que la punition des coupables surgira de la dignité, de la résistance et de la rébellion de nos peuples. Semer la vérité et la justice parmi la destruction que nous apportent les puissants, c’est ce que nous, les peuples, nous savons faire.

Les mauvais gouvernements pensent que c’est en répandant la terreur dans les territoires indigènes du Michoacán et sur une grande partie de la géographie nationale qu’ils feront taire les peuples et leur parole, mais cela ne se passera pas ainsi, car la parole que crient aujourd’hui collectivement les peuples originaires naît justement de l’indignation, du ras-le-bol et de la décision de ne pas se laisser tuer, spolier, diviser ou acheter.

Nous nous prononçons aux côtés de l’assemblée communale d’Arantepacua pour :

1. Que cesse immédiatement l’escalade répressive contre Arantepacua et les communautés purépechas de la région.

2. La libération immédiate des compañeros détenus par le mauvais gouvernement.

3. Justice pour les victimes de cette lâche agression, et réparation de tous les dommages causés.

4. Punition du gouverneur Silvano Aureoles et de tous tous les responsables matériels et intellectuels, des crimes commis.

5. Que soient retirées les forces policières et militaires d’Arantepacua, car tant qu’elles sont présentes, les agressions contre les habitants ne cesseront pas.

Cordialement

Le 6 avril 2017

Justice pour Arantepacua
Justice pour le Peuple Purépecha
Pour la reconstitution intégrale de nos peuples
Plus jamais un Mexique sans nous

Congrès National Indigène
Armée Zapatiste de Libération Nationale


NOTE : Située à 140 kilomètres de Morelia, la capitale du Michoacán, la communauté purépecha d’Arantepacua se mobilise depuis des dizaines d’années pour faire reconnaître ses droits sur 520 hectares de terres attribuées depuis 1947 à la communauté voisine de Capácuaro.

Alors que les autorités de l’Etat du Michoacán avait déjà empêché la réalisation d’une manifestation de la communauté le 4 avril dans la capitale de l’Etat, 38 comuneros retournant sur place à bord d’un autobus réquisitionné avaient été détenus par la police, ce qui avait poussé les habitants à bloquer l’autoroute aux abords de leur village pour exiger leur libération. C’est le lendemain que, durant une opération similaire à celle déployée en mai 2006 contre le village d’Atenco, les forces spéciales et les militaires ont investi et saccagé la communauté, tuant quatre habitants de ce village purépecha qui avait annoncé la constitution prochaine de sa propre "garde communale" afin de disposer de son propre service corps de sécurité.

Cette sanglante répression survient un mois après une autre violente intervention policiaco-militaire contre la communauté purépecha de Caltzontzin, située à quelques dizaines de kilomètres de là, qui avait déjà abouti à la détention de 13 comuneros purépechas, et témoigne de la violence et de l’extrême militarisation des interventions policières dans tout l’Etat...