Comité de solidarité avec les peuples du Chiapas en lutte

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A 19 ans de l’incarcération d’Álvaro Sebastián Ramírez

lundi 16 janvier 2017

La Voix des Zapotèques Xiches en Prison : à 19 ans de l’incarcération d’Álvaro Sebastián Ramírez

18 décembre 2016

A l’Armée Zapatiste de Libération Nationale

Au Congrès National Indigène

Au Réseau contre la Répression et pour la Solidarité

A la Sexta au Mexique et dans le monde

Aujourd’hui, cela fait 19 ANS que notre compañero ÁLVARO SEBASTIÁN RAMÍREZ a été détenu-fait disparu du fait de sa soi-disant participation, le 29 août 1996, à l’attaque des installations des corporations policières et militaires situées dans la municipalité de Santa María Huatulco.

Le 15 décembre 1997, un Groupe Spécial de l’ancienne Police Judiciaire de l’Etat de Oaxaca sous les ordres du Commandant José Trinidad Rodríguez Ballesteros, directeur de celle-ci ; et du maître Pedro Roberto Martínez Ortíz, procureur général de Justice de l’Etat de Oaxaca, obligeaient Alvaro à descendre de sa voiture sous la menace d’armes de gros calibre pointés sur sa tête, et le forçaient sous les coups et les menaces à monter dans un autre véhicule dans lequel ils le maintinrent incliné, la tête couverte par une veste.

Il fut emmené à une maison de sécurité, les pieds et les mains attachés et les yeux bandés tout du long, et fut obligé à prendre des pastilles dissoutes dans de l’eau qui lui provoquèrent des hallucinations. Il reçut des décharges électriques dans différentes parties du corps, principalement les testicules ; cela en plus des coups dans les tympans, des coups de crosse, des baffes et des coups de poing dans l’estomac, les poumons, le visage, les bras et les jambes ; on lui appliqua à de nombreuses occasions de l’eau minérale remplie de piment dans le nez, qui lui faisait perdre ses esprits chaque fois qu’il recevait une « dose ».

Après onze jours à souffrir la torture dans cette condition de disparition forcée, il fut présenté le 26 décembre 1997 devant la Parquet de Justice de l’Etat de Oaxaca, avant d’être postérieurement transféré au Pénitencier régional de Villa de Etla, Oaxaca.

L’arbitraire de la détention de notre compañero est évident, il a été détenu sans qu’aucun ordre d’arrestation ne lui soit présenté, il a été l’objet de torture physique et psychologique, les témoignages ayant servi de base au gouvernement mexicain pour étayer les accusations et la condamnation qui lui a été assignée ont été également obtenus par le biais de la torture.

Il a été démontré juridiquement qu’il a été détenu, accusé, jugé et condamné pour une action qui n’est pas, ni ne constituait un délit au moment où elle avait été commise, ne faisant aucun cas du fait qu’aucune conduite non délictueuse ne peut être jugée comme étant un délit.

Quelle raison y a-t-il pour le maintenir en prison ? La discrimination et le mépris, le fait qu’en sa personne se réunissent des caractéristiques qui fassent l’objet de discrimination au Mexique, comme le fait d’être indigène, d’être un dissident politique, de lutter pour l’autonomie des peuples indiens, d’avoir été considéré membre d’un groupe rebelle.

Comment est-il possible qu’une personne soit accusé de délits tels que lésions qualifiées, privation illégale de la liberté, vol d’usage, vol, dommage à la propriété d’autrui, possession d’armes, terrorisme, conspiration et association criminelle, et qu’il résulte finalement que ces accusations ne s’appuient sur aucun support valable ?

Álvaro a été accusé de ces neuf délits et a démontré durant seize ans qu’il ne les avait pas commis, et il est encore maintenu incarcéré depuis, accusé des délits d’homicide qualifié et de tentative d’homicide pour des actions qui dans le contexte spécifique des accusations ne constituent pas des délits, en conséquence de quoi, s’il existe des raisons pour le maintenir incarcéré, ces raisons n’ont rien à voir avec la loi.

Les contradictions durant le procès, l’illégalité avec laquelle le gouvernement mexicain a procédé et les violations systématiques de ses garanties constitutionnelles nous démontrent qu’Álvaro est emprisonné pour des motifs politiques. Il est emprisonné pour avoir des idées politiques contre le régime, c’est-à-dire qu’il est en prison pour lutter. Le cas de notre compañero dévoile le fait que le discours officiel selon lequel nous vivons dans un « Etat de droit » est un mensonge, les prisons de ce pays sont pleines de prisonnier.e.s politiques, et la répression contre les peuples indigènes organisés est chaque fois plus dure.

L’Etat mexicain soutient coûte que coûte la consigne de maintenir emprisonné notre compañero Álvaro, comme une preuve vivante de ce qui peut advenir à quiconque décide de s’organiser et de lutter à partir de ses villages et de ses peuples.
Malgré la torture et l’enfermement, notre compañero continue à rester droit et conséquent avec l’idée de construire un monde meilleur comme unique option possible pour survivre à l’extermination qui est en train de dévaster nos peuples.
Depuis l’intérieur de la prison, Álvaro n’a pas cessé de lutter. Il a souscrit à la Sixième déclaration de la Selva Lacandona, est membre du Réseau contre la répression et pour la solidarité, et forme partie du Congrès National Indigène.

Ainsi donc, l’histoire de répression de la région Loxicha a provoqué des centaines de disparus, d’assassinés et de prisonnier.e.s. Des plus de cent incarcérés après 1996, il n’en reste plus que quatre : Zacarías Pascual García López, Justino Hernández José, Abraham García Ramírez et Álvaro Sebastián Ramírez. Ceci est une preuve du fait qu’à Oaxaca et au Mexique, n’existent ni la démocratie, ni la liberté, ni la justice.

Nous exigeons la libération immédiate et inconditionnelle des prisonniers Loxicha !

La Voix des zapotèques xiches en prison

Oaxaca, Etat de Oaxaca, 15 décembre 2016


plus d’informations sur la répression dans la région loxicha sur le site de libérons les !.