Comité de solidarité avec les peuples du Chiapas en lutte

Accueil > Déclarations et fonctionnement des Conseils de bon gouvernement > Le Conseil de bon gouvernement de Morelia dénonce de nouvelles agressions (...)

Déclaration du CBG "Cœur de l’arc-en-ciel de l’espoir"

Le Conseil de bon gouvernement de Morelia dénonce de nouvelles agressions par des délinquants protégés par le gouvernement

Conseil de bon gouvernement de Morelia

lundi 15 novembre 2010

Conseil de bon gouvernement "Cœur de l’arc-en-ciel de l’espoir"
Caracol IV "Tourbillon de nos paroles"
Zone Zotz Choj
Morelia, Chiapas, Mexique

Dimanche 24 octobre 2010

À la société civile nationale et internationale
Aux médias alternatifs
Aux camarades adhérent(e)s à l’Autre Campagne, du Mexique
Aux camarades de la Otra Sexta internationale
Aux associations pour la défense des droits humains

Sœurs et frères,
Camarades,

Par la présente, nous dénonçons les événements qui ont eu lieu vendredi 22 octobre 2010, au cours desquels furent agressés des compañeros membres d’un groupe d’appui de l’ejido Agua Clara dans la commune autonome Comandanta Ramona. Alors qu’ils effectuaient un travail collectif de remise en état des bornes délimitant le centre balnéaire El Salvador qui jouxte les terres de l’ejido d’Agua Clara, ils furent menacés par des hommes armés de fusils.

Nos compañeros s’étaient divisés en deux groupes de travail, dont l’un termina sa tâche avant l’autre. Les membres de ce premier groupe hélèrent alors les membres de l’autre, leur offrant de terminer avec eux ce qui restait à faire. À ce moment, alors que tout s’était jusque-là déroulé pacifiquement, se firent entendre les voix de deux personnes situées du côté du second groupe, proférant à ses membres des grossièretés insultantes : cabrones, haranganes, huevones, tout en caressant la lame de leur, machettes dans une attitude menaçante, les mettant au défi de s’approcher d’eux et les menaçant de les tuer.

Les compañeros ainsi menacés par des individus que la distance ne permettait pas d’identifier, prirent la décision de se diriger vers l’endroit d’où provenaient les voix, afin de voir de qui il s’agissait. Ils reconnurent bientôt leurs assaillants potentiels, les nommés Manuel Pérez Gómez et Manuel Gómez Vázquez. Ils parvinrent à maîtriser le premier, mais le second était armé d’un rifle de calibre 22 et il ne se laissa pas approcher. Voyant son complice détenu par les compañeros, il se mit à tirer sur eux, les obligeant à se disperser dans les fourrés afin d’éviter les balles. Quant à Manuel Pérez Gómez, le dangereux délinquant détenu, il fut conduit en lieu sûr et devra répondre de ses actes face à la justice autonome.

Ce n’est pas la première fois que nos compañeros ont maille à partir avec Manuel Pérez Gómez et Manuel Gómez, qui n’en sont pas non plus à leur premier délit contre la population générale. À plusieurs reprises, ils ont proféré des menaces contre les habitants du lieu et troublé leur paix et leur sécurité.

Par exemple, le 17 août 2010, à environ 300 mètres de la croisée des chemins située en avant d’Agua Clara, ils ont assailli un autobus de la ligne Ocosingo-Palenque, dépouillant les passagers de leurs biens et bagages. Le 20 août, presque au même endroit, ils ont récidivé avec un autobus de la même ligne, dont les passagers, cette fois, étaient des touristes.

Il est notoire que ces dangereux délinquants bénéficient de l’appui d’un ex-militaire, un nommé Carlos Jiménez López, originaire de l’ejido Alan Sac Jun, de la municipalité de Chilon, Chiapas.

Cet ex-militaire réside actuellement dans la capitale de l’État du Chiapas, à Tuxtla Gutiérrez, dans le district de Ciudad Satélite. À Agua Clara, il a été aperçu en compagnie et en conciliabule avec les deux délinquants que nous dénonçons. Il se déplace à bord de véhicules chaque fois différents quant à la couleur et à la marque.

Nous réitérons que le Conseil de bon gouvernement tient à vue le dangereux Manuel Pérez Gómez, originaire de Flor de Cacao, municipalité de Benmerito de las Américas.

Rappelons que le 17 avril 2009, à la croisée des chemins d’Agua Azul, le gouverneur du Chiapas, Juan Sabines Guerrero, envoya 800 éléments de la force publique réprimer injustement les compañeros de l’Autre Campagne quand ils ne faisaient qu’exercer leur droit de manifester. Les véritables délinquants sont les acolytes de ceux que nous avons déjà mentionnés, et ils sont toujours en liberté. Les mauvais gouvernements [municipal, d’État et fédéral] ne cessent d’accuser nos compañeros d’être les auteurs des pillages d’autobus sur le trajet Ocosingo-Palenque. Le lendemain de la répression du 17 août 2009, notre compañero Miguel Vásquez Moreno, originaire d’un hameau situé à proximité de la croisée des chemins d’Agua Azul, ainsi que six autres compañeros adhérents de la Otra Campaña, furent appréhendés et conduits au Centro de Reinserción Social de Sentenciados [prison] n° 14 dans la localité d’El Amate.

Aujourd’hui, le Conseil de bon gouvernement tient à déclarer que, plutôt que de détenir les délinquants, les mauvais gouvernements appréhendent des innocents.

En mai 2009, les délinquants Manuel Pérez Gómez et Manuel Gómez Vazquez, détenus par la justice autonome en sanction de leurs délits, parvinrent à s’échapper.

Nous dénonçons énergiquement les agressions commises avec l’aval des autorités officielles contre nos compañeros des bases d’appui et la population en général. Il est patent que le mauvais gouvernement à ses trois niveaux [municipal, d’État et fédéral] se croise les bras devant ces actes d’intimidation. Alors que des sœurs et des frères de lutte sociale sont derrière des verrous pour avoir revendiqué la justice et la liberté pour tous, les véritables délinquants sont libres d’aller et venir.

Selon le mensonge officiel, le gouvernement combat la délinquance organisée. C’est tout le contraire qui arrive : c’est ce même gouvernement qui fomente la délinquance et protège ses ex-militaires quand ceux-ci corrompent des jeunes de nos communautés, dans le but de détruire nos racines et notre manière de nous organiser en tant que peuples indigènes.

C. Pablo Hernández Maldonado, C. Juana Santiz Gómez

Traduit par J. R.