Comité de solidarité avec les peuples du Chiapas en lutte

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Déclaration du CBG "Cœur de l’arc-en-ciel de l’espoir"

Le Conseil de bon gouvernement de Morelia dénonce de nouvelles agressions de l’Organisation de caféiculteurs d’Ocosingo (Orcao)

Conseil de bon gouvernement de Morelia

mercredi 31 août 2011

Conseil de bon gouvernement Cœur de l’arc-en-ciel de l’espoir
Caracol IV, Tourbillon de nos paroles

Jeudi 18 août 2011.

À la société civile nationale et internationale,
Aux compañeras et compañeros de La Otra Campaña nationale,
Aux compañeras et compañeros de la Zezta internationale,
Aux défenseurs des droits humains,

Le 17 août dernier, dans la communauté ejido Patria Nueva, région 1er Janvier, Commune autonome en rébellion Lucio Cabañas, Chiapas, Mexique.

Vers 7 heures du matin du mercredi 17 août 2011, se sont rassemblés 150 hommes de l’Orcao (Organisation régionale de caféiculteurs d’Ocosingo) dirigés par ses représentants locaux qui sont Cristóbal Gómez López, alias El Saddam, Manuel Bautista Moshan, alias L’Entrepreneur, et d’autres représentants du quartier.

Coordonnés et dirigés par les dirigeants de l’Orcao Antonio Juárez Cruz, Alejandro Gómez Navarro et Carlos Ramírez Gómez et conseillés par Nicolás López Gómez alias El Tzirin, Juan Vázquez López et José Pérez Gómez.

Faits survenus le mercredi 17 août, où a été détruit une maison de la dignité construite par les compañeros bases de soutien zapatistes de l’ejido Patria Nueva ; cette maison qui a été détruite servait de cuisine pour les observateurs internationaux et nationaux, afin qu’ils puissent préparer leurs repas quand ils viennent observer les manèges et plans de destruction des mauvais gouvernements.

La colère des trois niveaux de mauvais gouvernement, c’est parce qu’ils ne veulent pas qu’on diffuse leurs manèges, c’est pour cela qu’ils organisent des gens qui ignorent comment ils pensent injecter leurs projets de mort dans nos territoires autonomes formés par nos peuples, où nous gouvernons à notre manière, ainsi que le peuple le veut.

Nous ne luttons pas par obligation ou manipulation de quelques personnages, comme ces représentants locaux, régionaux et conseillers de l’Orcao et des soi-disant gouvernants de la Fédération, de l’État et des municipalités, où ils tiennent les pauvres gens ignorants sous la pression et la menace, en les obligeant à accueillir de misérables projets et à se livrer à des provocations.

Nous, nous ne sommes pas comme l’Orcao qui fait pression et qui menace ceux qui ne suivent pas les indications de provoquer : ils sont menacés d’être expulsés de là où ils se trouvent, c’est pour cela qu’ils obéissent aux ordres de provocation en territoire zapatiste, parce que les leaders mentionnés se sentent seuls, sans base, c’est pour cela qu’ils appliquent ce qu’ils ont appris des gouvernements.

La maison détruite était une maison de vie, pas une maison de guerre ou de mort. À présent, notre maison de la dignité a été jetée à la poubelle par ceux de l’Orcao, et en plus ils ont endommagé une maison de planches qui servait pour une école secondaire autonome ; ils ont essayé d’ouvrir la porte, ils n’ont pas pu, alors ils sont entrés par la fenêtre en menaçant de détruire encore.

Sur l’attitude autoritaire de l’Orcao, nous savons bien qu’ils ne sont que des grouillots, parce que les vrais auteurs intellectuels s’appellent Felipe Calderón et Juan Sabines Guerrero, car ce sont eux qui exécutent les projets de mort et de guerre avec les millions des pesos injectés dans notre territoire.

Après la destruction de notre humble maison, vers 10 heures du matin le même jour est arrivé l’entrepreneur avec une machine excavatrice.

Les militants de l’Orcao ont protégé l’entrepreneur et la machine ; ils en ont profité pour continuer leurs menaces de tuer les zapatistes à coups de machette ou de fusil.

À 1 heure de l’après-midi, ils se sont rassemblés en sept groupes communiquant entre eux par portables, on a vu que les gouvernements les ont bien structurés au travers des projets qu’ils exécutent pour provoquer nos compañeros.

Cette situation n’est pas la seule : dimanche 10 juillet 2011, nos compañeros ont été attaqués à Ocosingo par trois assaillants qui ont séquestré notre commission de cameramen du Conseil de bon gouvernement du Caracol IV, qui du 8 au 10 juillet étaient en train de réaliser un travail à l’intérieur du Caracol.

Quand ils ont terminé leur travail, trois compañeros cameramen sont sortis du Caracol ; un est resté à Altamirano, les deux autres sont partis vers Ocosingo. Ils sont partis à 3 heures de l’après-midi et sont arrivés à Ocosingo à 5 h 20 le dimanche 10 juillet 2011. Ils avaient faim, cela fait des siècles qu’on a faim, et ils sont entrés dans une gargote du marché public d’Ocosingo, ils ont fini de manger et sont sortis.

Ils étaient en train de se dire au revoir pas bien loin de la gargote et du terminus de la ligne d’Ocosingo à Altamirano, quand trois types se sont approchés d’eux et leur ont demandé d’où ils étaient et ce qu’ils faisaient comme travail ; immédiatement pendant cet interrogatoire, ils ont été saisis par la chemise.

Obligés à monter dans une petite voiture de marque Tzuru de couleur blanche sans plaques d’immatriculation, ils ont été conduits tout droit au quartier du Sauzal, derrière le magasin Aurera.

Ils ont été obligés à entrer dans une maison en dur, où on a fouillé leurs affaires et sorti leur matériel photo et vidéo sans l’abîmer.

Le matériel dont les ravisseurs les ont dépouillés consiste en :

- un ordinateur portable ACR AS5332-2448 avec un processeur Intel, un système Linux et un écran de 15,6 pouces. Numéro de facture 89190, émise par Services Connection, SA de CV, valeur 6.245 pesos,
- une caméra vidéo numérique marque Sony, valeur 2.550 pesos,
- un appareil photo numérique marque Sony, valeur 2.116 pesos,
- une caméra vidéo mini DVD marque Canon, valeur 3.500 pesos,
- un téléphone portable Pantech, valeur 650 pesos,
- une clé USB d’un giga, valeur 160 pesos,
- et 600 pesos en liquide plus la mallette pour le matériel.

Dans la pièce, ils ont été enfermés quatre heures ; les deux types sont sortis en laissant quelqu’un de garde.

Nos compañeros, voyant la possibilité d’affronter le garde, ont pu s’échapper de la maison au prix de sévères coups au visage, ils sont parti tous les deux et tout le matériel a été perdu.

L’adresse de la maison est : Quartier Sauzal, sans numéro, le nom de l’assaillant identifié est Juan Decelis, originaire de Balaxte, commune d’Ocosingo.

Cela a été encore une fois une histoire d’espions organisés par les mauvais gouvernements, qui embauchent des mouchards, des paramilitaires ou autres pour de l’argent.

Un de nos camarades qui ont été séquestrés a été à plusieurs reprises invité par une personne du nom de José Guadalupe, qui selon ses propres dires travaille à Ocosingo et gère des projets pour les communautés indigènes. Comme notre compañero n’a pas accepté l’invitation à travailler comme espion, le prix à payer a été qu’on lui prenne le matériel qui servait pour nos médias.

Aucun doute qu’une telle action est soutenue et impulsée par les trois niveaux de gouvernement, le fédéral, celui de l’État et le municipal, Felipe Calderón [président de la République], Juan Sabines Guerrero [gouverneur du Chiapas] et Arturo Zúñiga Urbina [maire d’Ocosingo].

Nous mentionnons ces trois niveaux de gouvernement comme auteurs responsables, ceux qui développent et impulsent les provocations ; car à présent, ils n’utilisent ni soldats ni policiers, ils utilisent des indigènes de petites organisations pour qu’ils nous provoquent dans notre organisation, pour nous opposer entre indigènes.

Pendant des années, ils ont dépensé des millions de pesos à vouloir nous détruire pour leur offrir notre terre, pour en finir avec nos coutumes, notre langue, mais le monde peut voir que nous, les zapatistes, nous sommes toujours en vie et nous résistons à tout prix.

Avec la suite de leurs projets sur notre territoire, leur objectif est de démobiliser les zapatistes, mais ils se trompent. Peut-être qu’ils nous traitent de lâches quand nous ne répondons pas à leurs provocations ; nous, tout ce que nous savons, c’est que nous sommes en train de construire la vie, et non la mort comme le font les mauvais gouvernements.

Nous, nous ne sommes pas des mendiants, comme eux. Il n’y a à craindre aucun gouvernement, même avec leurs millions ils n’ont pas pu nous éliminer, encore moins une petite organisation comme l’Orcao.

Nous, en tant que zapatistes, nous sommes des lutteurs au cœur humble et simple, des constructeurs de la paix juste, bâtissant la meilleure façon de vivre sur nos terres mexicaines, où nous ne cherchons pas le bien-être pour nous-mêmes.

Nous, nous ne sommes pas des provocateurs, ni des agresseurs, ni des bandes paramilitaires, ni des bandes criminelles ; nous, nous sommes des gens de travail et de paix.

Pour nous, les bases de soutien zapatistes, toute la terre récupérée en 1994 fait partie de l’organisation. Nous ne voulons pas que quelqu’un interrompe notre lutte parce que nous sommes organisés en tant que peuple, en accord avec nos coutumes et en accord avec la décision de nos villages.

Nous savons nous y gouverner avec notre autonomie, nous ne permettons pas qu’ils dépendent de quiconque, nous savons nous gouverner, c’est pourquoi nous disons que nous sommes prêts à défendre à tout prix ce qui est notre droit.

Pour le Conseil,
Alberto Gómez Entzin,
Catalina Ara Gómez.

Traduit par el Viejo.