Comité de solidarité avec les peuples du Chiapas en lutte

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Action internationale et nationale pour le retour des déplacés de la Commune autonome de San Juan Copala

lundi 6 février 2012

À l’Armée zapatiste de libération nationale (EZLN),
À La Otra Campaña,
À la Zezta internationale

Nous, les Triquis partie prenante du projet de la Commune autonome et qui l’avons impulsé en 2007 à San Juan Copala comme chef-lieu principal, nous avons été déplacés en 2010 par les groupes paramilitaires identifiés comme le Mouvement d’unification et de lutte Triqui - Parti d’unité populaire (MULT-PUP), et l’Unité de bien-être social pour la région triqui - Parti révolutionnaire institutionnel (UBISORT-PRI), et cela après que les deux groupes eurent encerclé paramilitairement un village, assassiné et violé des enfants, des femmes et des hommes, nous laissant coupés de toute communication et de tout accès à la nourriture, aux médicaments, etc.

San Juan Copala

Ces groupes, à présent, n’en forment plus qu’un seul du fait que le MULT-PUP a réussi depuis un certain temps à intégrer dans ses rangs l’UBISORT-PRI. Il n’y a pas ici un problème entre communautés triquis, comme les forces de droite et d’autres qui se disent de gauche le prétendent, c’est le problème d’une population consciente qui cherche son émancipation contre une politique d’État capitaliste qui vise à miner et exterminer la résistance des communautés indigènes au Mexique. C’est un modèle que l’État est en train d’appliquer aux communautés indigènes, et la région triqui est aujourd’hui un des laboratoires d’expériences.

Compañeros, ne vous laissez pas abuser : le MULT-PUP n’est pas de gauche. Les ressources dont ils usent pour acheter d’autres luttes proviennent de la spoliation, de la répression, du mépris et de l’exploitation des communautés triquis, c’est une prime en liquide que leur octroie l’État pour maintenir une population assiégée et sans espoir de se libérer. Nous, nous savons bien qu’ici, au Mexique, il y a des forces de « gauche » qui épaulent et protègent le MULT-PUP en appelant d’autres organisations à l’inaction ou en les menaçant. C’est un travail à l’envers que plusieurs groupes n’osent pas mener de façon ouverte et publique, car ils ne veulent pas affronter un débat qui mettrait en doute leur position politique ; ils cherchent seulement à manipuler les plus susceptibles de l’être par des discours démagogiques et en construisant des positions politiques commodes qui justifient l’inaction et la complicité. Il doit être bien clair pour nous que ce n’est pas là une autre façon de faire de la politique, que ce n’est pas là un travail révolutionnaire, ni rien qui ait un rapport avec la liberté et la lutte anticapitaliste.

Nous ne doutons pas que la conscience de ceux qui vivent la lutte tous les jours, des plus pauvres, des plus humbles, des exploités, leur permettra d’êtres solidaires des compañeros déplacés de la Commune autonome de San Juan Copala, ainsi que l’ont déjà fait différentes organisations qui ont montré qu’elles étaient conséquentes et intègres politiquement, en accompagnant dès le début la lutte des compañeros. C’est pourquoi nous leur demandons une fois de plus de continuer à nous aider à affronter la répression du gouvernement oaxaquègne de Gabino Cué et du gouvernement fédéral de Felipe Calderón, qui sont ceux qui commandent le MULT-UBISORT, qui sont les coupables des assassinats, qui sont les coupables du déplacement, les responsables de l’insécurité des compañeros qui sont depuis dix jours en caravane.

Nous voudrions, compañeros, qu’à partir du 1er février et jusqu’au lundi 6, vous nous aidiez à exercer une pression politique internationale, que depuis vos pays d’origine vous protestiez devant les ambassades du Mexique et exigiez :

1. Le retour en sécurité des déplacés de la Commune autonome de San Juan Copala.

2. Le châtiment des coupables matériels et intellectuels des crimes d’État contre la population autonome de la région triqui.

3. L’expulsion, le désarmement et le châtiment des paramilitaires du MULT-UBISORT de la région triqui.

4. La libération immédiate des prisonniers politiques de la Commune autonome de San Juan Copala : Miguel Ángel Velasco Álvarez, Reynaldo Martínez Álvarez et Roberto Cárdenas Rosas.

5. L’arrêt des tentatives du gouvernement d’Oaxaca et du gouvernement fédéral mexicain de criminaliser ceux qui accompagnent la Commune autonome de San Juan Copala dans son retour.

6. La reconnaissance de l’autonomie de San Juan Copala, des communautés autonomes triquis et des peuples indigènes du Mexique.

7. L’application des Accords de San Andrés.

Les points précédents constituent les conditions de sécurité que l’État doit garantir immédiatement pour le retour des déplacés.

Aux compañeros du Mexique, nous leur demandons de se manifester dans leurs différents États et d’avoir leurs propres critères pour analyser la situation de la lutte pour l’autonomie à San Juan Copala, qu’ils voient que les morts, les violées, les orphelins, sont de la Commune autonome de San Juan Copala, et qu’à toute cette violence contre notre village nous n’avons répondu que de manière politique. Qu’ils ne permettent pas que des organisations qui se disent de gauche ou de droits de l’homme les manipulent et leur demandent l’inaction. Notre lutte n’est pas pour des copinages, ni par sectarisme, notre lutte est un engagement politique qui doit être assumé sérieusement. À ceux qui nous ont toujours accompagnés, nous leur demandons à nouveau leur solidarité, et nous leur faisons savoir que depuis le plantón sur la Grand-Place de la capitale fédérale partiront des cars pour renforcer la caravane du retour ; leur heure de départ sera 20 heures, et ils iront à Yosoyuxi Copala, le retour sera le dimanche 5 février.

Pour les compañeros qui ne peuvent pas faire le voyage et qui vivent dans la zone métropolitaine, nous les informons que vont se réaliser les activités suivantes de pression simultanée à Mexico :

- Jeudi 2, à 11 heures, meeting devant le secrétariat à l’Intérieur du District fédéral.

- Vendredi 3 et samedi 4, Rencontre des déplacés à l’Université autonome de Chapingo.

Enfin, nous voulons exprimer que nous n’allons accepter de reconnaître aucune autorité qui n’ait pas été élue par les communautés triquis autonomes, que nous attendons que justice soit faite et les coupables de la répression châtiés, et que soit garantie la liberté de transit. Nous voulons exiger que l’État reconnaisse l’autonomie, ainsi que le veut la constitution des États Unis du Mexique. Il n’est pas question pour nous de reconnaître l’existence d’une municipalité constitutionnelle manipulée par des caciques paramilitaires. Notre rêve est celui de Timoteo Alejandro, et de bien d’autres qui sont morts pour lui : que les Triquis soient libres quelle que soit leur famille, que les Triquis décident, quoi qu’ils sachent ou qu’ils croient.

Nous voulons la démocratie, la liberté et la justice pour tous et toutes, nous faisons nôtres les Accords de San Andrés, et nous démontrons dans la pratique, qui nous a coûté bien des souffrances, que nous sommes conséquents ; nous sommes des indigènes triquis adhérents à La Otra Campaña, nous sommes d’en bas, nous sommes la Commune autonome de San Juan Copala.

Les actions de solidarité que vous réaliserez, merci de nous les signaler à ces adresses :

cdefensayjusticiamasjc@gmail.com et frenteajpimss@hotmail.com pour les faire connaître.

Commune autonome de San Juan Copala

Comité défense et justice pour la Commune autonome de San Juan Copala.

Mardi 31 janvier 2012.