Comité de solidarité avec les peuples du Chiapas en lutte

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Communiqué de presse

mercredi 27 octobre 2004

AUX "SAIGNEURS" DE LA FINANCE ET DE LA RÉPRESSION NOUS RÉPONDONS : LES PEUPLES D’ABORD !

PARIS, BAYONNE, 27 octobre 2004

Les 28 et 29 octobre, le Centre de management Europe Amérique latine
(CMEAL) réunit à Biarritz (France) d’importantes personnalités des mondes
politique, universitaire et de l’entreprise privée

Nourris par Alstom et Suez, ministres, députés et chefs d’entreprise
entendent définir des "stratégies birégionales face aux transformations
profondes de l’Europe et de l’Amérique latine".

Des responsables de Total viennent y disserter sur l’éthique publique et la
responsabilité sociale de l’entreprise (ou l’irresponsabilité Total.AZF).
Des représentants de grandes entreprises européennes s’entretiennent sur le
développement des infrastructures en Amérique latine (Bouygues, Endesa,
Suez). Parallèlement, les ministres du tourisme de divers pays (Mexique,
Honduras, France, Panama) se retrouvent autour d’une même table avec le
vice-président du groupe Accor. Il est à signaler la participation à ce
forum des entreprises dont le siège social se trouve en Pays basque,
Euskatel et l’omniprésent BBVA. Enfin, le thème de la sécurité (lié à
celui de la migration et de l’équité !) est également à l’honneur

Les paysans, les Indiens, les défenseurs des droits de l’homme n’y sont pas
conviés. Normal, ils dénoncent l’offensive des entreprises transnationales
sur les pays en voie de développement. Dans le sillage des restructurations
et des prescriptions administrées par une armée d’experts (réformes
fiscales, privatisations des services publics, remise en cause des systèmes
de possession de la terre, "conservation rentable" de l’environnement), on
aborde des dispositifs plus concrets : des projets économiques à grande
échelle qui quadrillent le territoire. En clair, il s’agit d’une nouvelle
colonisation garantissant la mainmise totale sur les ressources, la
main-d’oeuvre, la terre, l’eau et l’air de ces régions

C’est dommage pour ceux qui y vivent, mais leurs modes de vie et leurs
cultures doivent faire place nette à la modernité. L’un des prétextes
utilisés actuellement pour les déloger, les expulser de leurs terres et
ainsi casser leur autonomie est le développement durable (notion préparée à
toutes les sauces et totalement dévaluée).

Ce qui se discute à Biarritz, en plus d’être un désastre écologique, est,
effectivement, un désastre social et une catastrophe pour l’humanité.

Car finalement à Biarritz, à Bruxelles, à Cancún, il s’agit de répéter des
recettes mises en échec à l’épreuve des faits, au détriment des populations
et de l’environnement.

Faut-il, pour finir, s’étonner que la question des droits humains n’ait
pas sa place au sein de la docte assemblée de Biarritz ?

Le schéma de militarisation de l’Amérique latine, avec son lot de crimes au
quotidien, se calque précisément sur les contours des zones d’implantation
des multinationales et des zones riches en ressources naturelles.

Au moment où les populations de nos pays industriels s’inquiètent des
effets sur la santé publique de la pollution atmosphérique et d’un modèle
de développement effréné qui nous mène tout droit à la catastrophe ;

Au moment où l’on observe un recul social majeur partout dans le monde ;

Au moment où va croissante la répression des mouvements sociaux qui luttent
pour les droits humains et la préservation de l’environnement ;

Au moment où se généralise en Amérique latine un climat de terreur et
d’impunité dans le cadre de l’endiguement préemptif des mouvements
d’opposition populaire à l’orthodoxie néolibérale, notamment avec
l’avancée du Plan Colombie et du Plan Puebla-Panama ;

Au moment où l’Union européenne est en train de négocier de nouveaux
accords commerciaux avec les pays de la région et s’apprête dans le même
temps à adopter une Constitution qui place au-dessus des législations
nationales, le modèle néolibéral ;

Au moment où s’achève la décennie des peuples indigènes sans aucune avancée
significative en matière de reconnaissance et de droits ;

Nous disons ça suffit ! Ya basta !

France Amérique latine (FAL), Association pour un contrat mondial de l’eau
(ACME, France), Comité de solidarité avec les peuples du Chiapas en lutte
(CSPCL, Paris), Collectif Chiapas de Toulouse, Batasuna, Baiona Iraultzen,
AC ! Pays basque, CNT Éducation 64, CNT Interpro 64, Sud Éducation 64,
Askapena.