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Témoignages, entretiens, récits et réflexions...
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Alerte rouge zapatiste
27 décembre 2007
"Ceux qui ont fait la guerre savent reconnaître les chemins par lesquels elle se prépare et se rapproche", a dit Marcos. "Les signaux de guerre à l’horizon sont clairs. La guerre, comme la peur, a aussi une odeur. Et maintenant on commence déjà à respirer son odeur fétide sur nos terres."
L’évaluation de Marcos appuie ce qu’Arronte et ses collègues du Centre d’analyse politique et de recherches sociales et économiques (CAPISE) ont suivi à la trace avec leurs cartes et leurs graphiques. Il y a eu une augmentation significative de l’activité dans les 56 bases militaires permanentes que l’État mexicain a en territoire indigène au Chiapas. Ils sont en train de moderniser les armes et l’équipement, de nouveaux bataillons entrent, dont des forces spéciales. Tous ces éléments sont des signes de l’escalade militaire. (...)
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Hommage à André Aubry
21 décembre 2007
Texte envoyé au Premier Colloque international In Memoriam André Aubry, qui s’est tenu à San Cristobal de Las Casas, Chiapas, du 13 au 17 décembre 2007.
Ceux qui luttent pour l’émancipation de l’homme et la fin de l’oppression marchande n’ont pas besoin de se connaître pour se reconnaître. Ma brève rencontre avec André Aubry a suffi pour me confirmer que partout dans le monde s’élèvent des voix capables de rompre le formidable silence qui condamne chacun à l’isolement et à la peur dans le seul but de lui obscurcir la conscience et de l’envoyer grossir le troupeau des résignés.
André Aubry a été l’un de ces amis qui m’ont aidé à mieux connaître le mouvement zapatiste et qui m’ont incité à poser la question : « Quelles leçons pouvons-nous tirer de l’expérience zapatiste en Europe ? » (...)
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Nous sommes tous gardiens de la Terre
29 octobre 2007
Tel un signe des temps, la Lune reprend la route qui la conduit de sa face toute neuve au croissant, tandis qu’un mariachi yaqui, qui ne ressemble à aucun de ces mariachis que nous aurions vus et entendus auparavant, la salue dans son périple nocturne. La Dame d’argent est contente. On le serait à moins : en bas, sous sa protection, la parole germe dans des luttes qui vont se multipliant, des espoirs qui vont s’additionnant, des joies qui s’alimentent mutuellement, des utopies semées à tout vent et dans la dignité moissonnée. (...)
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Presque quarante ans plus tard, mais on n’oublie pas
7 octobre 2007
Au cours des dernières semaines, j’ai de nouveau raconté ma version du mouvement de 1968. Mettant à dure contribution ma mémoire, fouillant dans mes souvenirs, j’ai essayé d’interpréter et osé quelques définitions. J’ai parlé sur un marché, à un stand de livres sur la grand-place de Tlalpan ou dans une école. À chaque fois, le lieu est bondé, il y a des gens assis par terre, agglutinés debout aux derniers rangs. Les gens ont les yeux qui brillent. Non pas à cause de mes dons d’orateur, mais parce que j’invoque un fantôme.
Je suis toujours étonné de l’intérêt que le sujet suscite, de la persistance de la mémoire, de l’attrait du proche passé. (...)
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Présentation du Centre social libertaire "Ricardo Flores Magón"
20 septembre 2007
Le Centre social libertaire "Ricardo Flores Magón" (CSL-RFM) est un vieux rêve, enfin réalisé, que partageaient depuis longtemps un groupe de libertaires de la ville de Mexico. C’est un espace qui permet de réunir plusieurs initiatives et projets ayant pour objectif de diffuser l’idéal anarchiste, de promouvoir l’organisation du mouvement libertaire, ainsi que de favoriser les relations entre les divers secteurs sociaux exploités et marginalisés de notre région. Le CSL-RFM est un lieu où nous essayons de construire, ici et maintenant, une esquisse de la société anarchiste à laquelle nous aspirons. (...)
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Chiapas : la guerre invisible
18 août 2007
Tandis qu’Irene Kahn, secrétaire générale d’Amnesty International, multiplie les mises en garde en direction du gouvernement de Felipe Calderón, les flots de touristes nord-américains et européens continuent de submerger, entre deux cyclones, le littoral du Yucatán ou du Pacifique. Mais leurs troupeaux bariolés se pressent également à San Cristobal, sur les sites mayas et devant les superbes paysages du Chiapas. Pourtant, et ce n’est pas le moindre des paradoxes de cette frénésie de "découverte" qui pousse les nouveaux aventuriers de la modernité, une sale guerre continue de se dérouler dans cet État du Sud-Est mexicain, sans même que ceux-ci en recueillent le moindre écho. (...)
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Caracoles zapatistes : treize ans de lutte, treize rêves tout debout
9 août 2007
Ils devraient être morts. Dans l’avenir que leur avait tracé la Banque mondiale, c’était ça, leur destin. Un pourcentage très élevé aurait dû souffrir de diarrhées, de fièvres diverses, de tristesse chronique et de toutes sortes de maladies curables. Beaucoup d’entre eux auraient dû s’évanouir dans l’oubli avant d’avoir atteint l’âge de cinq ans. Beaucoup d’entre elles auraient dû suer la sous-alimentation pour le reste de leur vie. C’était ça, leur destin. Mais leurs grands-pères et leurs grands-mères, leurs pères et leurs mères avaient d’autres plans, et le 1er janvier 1994 ils les ont mis en marche.
Il s’agit de la génération zapatiste du XXIe siècle, de jeunes qui ne savent pas ce que c’est que d’être frappés par un patron, ni exploités par un propriétaire terrien, ni violées par un éleveur, ni échangées comme marchandises par un intendant, ni humiliés par un contremaître. Des hommes et des femmes qui, tout petits, marchaient sur le tranchant de la mort, mais ont refusé de n’être que des statistiques quand leurs familles et leurs villages ont déclaré la guerre au mauvais gouvernement, au très mauvais gouvernement de Carlos Salinas de Gortari. (...)
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Dans la Zone Nord du Chiapas, avec une Brigade d’observation Terre et Territoire
22 juillet 2007
Dans le cadre de la "Campagne mondiale pour la défense de la terre et du territoire autonome indigène et paysan du Chiapas, du Mexique et du monde" lancée par la Commission Sexta de l’EZLN, le 25 mars 2007, et face à la recrudescence des hostilités et des menaces à l’encontre des communautés zapatistes du Chiapas, le Centre d’analyses politiques et de recherches sociales et économiques (CAPISE) a appelé à la formation de "Brigades d’observation Terre et Territoire" pour témoigner de la situation des communautés autonomes. C’est avec l’une de ces brigades que nous nous rendons dans la Zone Nord, au caracol de Roberto Barrios.
Jeudi 5 juillet 2007.
Lors de notre entretien avec la Junta, où nous expliquons notre démarche, les compas nous invitent à repasser un peu plus tard dans la soirée, le temps pour eux d’étudier les communautés où nous pourrions nous rendre. (...)
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Entretien avec le sous-commandant insurgé Marcos
13 juillet 2007
Le délégué Zéro fait le bilan de la première phase de l’Autre Campagne
Raymundo Reynoso : Au vu des dernières étapes de cette première phase de l’Autre Campagne qui s’est achevée à San Luis Potosi, au Mexique, comment voyez-vous cette campagne dans son ensemble ? Quelles constantes avez-vous pu dégager au long de cet incroyable circuit à travers le sud, le centre et le nord du pays, et plus au nord encore, avec cet « Autre Mexique » que vous avez pu appréhender de plus près, en traversant le Rio Bravo ? Dans certains de vos textes, vous évoquez un « miroir fragmenté », un « puzzle ». Est-ce que vous voyez les choses autrement, le puzzle est-il en partie reconstitué, qu’en pensez-vous ?
Marcos : Écoutez, en fait, il faut revenir un peu en arrière, il y a toujours des prémices. Quand l’EZLN publie sa Sixième Déclaration de la forêt Lacandone, elle fait un pari, pari qu’elle est prête à assumer toute seule. Concrètement, l’EZ pense que, à cause des critiques qu’elle y émet contre la classe politique, beaucoup de gens qui étaient proches des zapatistes allaient se retourner contre nous. (...)
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Le miroir du Mexique
26 juin 2007
Oaxaca, un an plus tard
Le miroir du Mexique
Un an après le conflit des enseignants qui a éclaté dans l’Oaxaca, cet État est le miroir du Mexique. La droitisation que connaît le pays avance à pas de géant, mais la rébellion aussi, qui cherche, et parfois trouve, de nouveaux chemins. La pauvreté dans laquelle vivent environ 67 % des Oaxaquègnes (2 349 570 habitants, sur un total de 3 506 821, selon les données officielles) et l’inégalité sociale « sont deux éléments qui les empêchent de participer activement à la société », affirme la Banque mondiale.
Creuset de cultures indigènes et métisses, les dernières années ont vu Oaxaca, la capitale de l’État du même nom, se transformer en une immense vitrine pour touristes qui rapporte beaucoup d’argent aux investisseurs locaux, mexicains et étrangers, mais très peu au commun des habitants. Avec l’arrivée d’Ulises Ruiz Ortiz (URO) au poste de gouverneur, fin 2004, cette situation a encore empiré, inaugurant un nouveau cycle autoritaire caractérisé par l’emploi arbitraire des deniers publics, l’augmentation du narcotrafic, la destruction du patrimoine historique et naturel, la persécution des moyens de communication indépendants et la répression sous toutes ses formes. Brute maladroite et sans pitié, le gouverneur Ulises Ruiz Ortiz doit son poste non pas au verdict des urnes mais à la fraude électorale, comme le président Felipe Calderón.
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