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Appel à condamner les agressions paramilitaires de la ORCAO contre la communauté zapatiste de Moisés Gandhi, Chiapas, Mexique

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samedi 23 janvier 2021

Nous condamnons les agressions paramilitaires de la ORCAO contre la communauté zapatiste de Moisés Gandhi, Chiapas, Mexique

Depuis le soulèvement de l’EZLN en janvier 1994, le gouvernement mexicain et ses trois niveaux (fédéral, étatique et municipal) a défendu, encouragé, organisé et financé différents groupes paramilitaires pour attaquer la population civile zapatiste.

Dans ce contexte, la communauté de Moisés Gandhi, à Cuxuljá – municipalité autonome de Lucio Cabañas, municipalité officielle d’Ocosingo – a récemment subi une série d’attaques de la part du groupe paramilitaire ORCAO (Organisation Régionale des Caféiculteurs d’Ocosingo).

- Le 22 août dernier, la ORCAO a attaqué avec des armes de gros calibres, brûlé et pillé les caves à café du Centre de commerce “Nouvel Aube de l’Arc-en-ciel”, situé au croisement de Cuxuljá.

– Le 8 novembre dernier, la ORCAO a enlevé Félix López Hernández, membre des bases de soutien zapatistes de la communauté Moisés Gandhi. Il a été frappé, attaché et séquestré sans eau ni nourriture jusqu’au 11 novembre, jour de sa libération.

- Le lundi 18 janvier 2021, la ORCAO a attaqué la communauté de Moisés Gandhi. Des coups de feu ont été tirés sur les maisons de la communauté, de 15h30 à 18h00 (heure locale). 170 impacts de gros calibres et 80 de petit calibres ont été retrouvé sur place.

- Le mercredi 20 janvier 2021, à 16h00, nouvelle attaque armée contre la communauté, avec là encore des impacts de gros et petit calibre. Puis, à 22h30, de nouveaux coups de feu.

- Enfin, dans la nuit du jeudi 21 janvier 2021, des maisons de la même communauté ont encore été prises pour cibles par balles, d’abord à 00h30, puis de 2h10 à 2h55 du matin.

Le nombre d’attaquants est estimé à au moins 20 personnes. Les paramilitaires appartiennent tous à l’organisation paramilitaire ORCAO des communautés de San Antonio, Cuxuljá, San Francisco y 7 de febrero.

(Toutes ces informations sont consultables sur le site du Centre des Droits Humains Fray Bartolomé de las Casas, Chiapas, Mexique : https://frayba.org.mx/nuevas-agresiones-armadas-de-la-orcao-a-la-comunidad-moises-gandhi/).

Nous dénonçons l’escalade de la violence paramilitaire contre les communautés zapatistes, ainsi que la complicité du gouvernement fédéral, étatique et municipal.

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liste des signataires

NOTES SUR MOISES GANDHI :

Cette communauté a légitimement récupéré la terre d’un éleveur de bétail lors du soulèvement de janvier 1994. La même terre qui appartenait auparavant à une hacienda sucrière où, pendant des décennies, certains de ces mêmes zapatistes avaient travaillé en semi-esclavage : coups de fouet s’ils ne finissaient pas leur travail, pas de terre du tout, un ou deux pesos par jour de salaire, ou parfois juste un verre... Mais maintenant, comme ils nous l’ont dit eux-mêmes : "La résistance est une forme de lutte qui a une raison et une justice... c’est le rejet de l’injustice". Les mêmes indigènes tzeltales qui avaient vécu presque en esclavage ont commencé à voir leurs fils et leurs filles grandir en hommes et femmes libres, avec une autonomie de pensée, de santé, d’organisation, de propriété foncière, et une production autosuffisante et commercialisable. En deux générations d’énormes sacrifices, de courage, de lutte et d’organisation, ce changement radical, profond et libertaire de l’identité sociale individuelle et collective avait déjà été construit. Le centre régional de santé (Nueva Esperanza) d’abord, les auditoriums et l’éducation ensuite - exemplaires dans tous les sens du terme de la part des promoteurs - ont été parmi les premiers grands symboles de cette lutte pour tous dans cette région. Mais ils savent mieux que quiconque dans le monde que nous devons nous battre chaque jour pour maintenir ces acquis, les renouveler et les faire grandir ; nous ne pouvons pas baisser la garde ou devenir complaisants un seul instant. Et la preuve en est les récentes attaques de l’ORCAO, ainsi que les agressions et menaces permanentes depuis plus de 26 ans (...). 

Lorsque nous partagions une partie de la vie avec ces communautés zapatistes, l’ORCAO était en alliance avec les zapatistes mais à partir de 2000, en particulier avec le gouvernement de Pablo Salazar - qui cherchait à diviser et à coopter encore plus les communautés - cette organisation a commencé à tisser des alliances avec le gouvernement de l’État et à recevoir des fonds publics, et par conséquent à attaquer violemment (sous forme paramilitaire parfois) à de nombreuses reprises le zapatisme et ses terres récupérées.

[Suite aux dernières attaques] le Congrès national indigène a immédiatement dénoncé que "l’ORCAO a maintenu pendant des années une pression et une violence constantes sur les communautés zapatistes ; comme dans le cas de la municipalité autonome de Moisés Gandhi, pour arrêter l’organisation autonome, pour privatiser les terres qui ont coûté la lutte et l’organisation des peuples originels, des bases de soutien zapatistes... Nous qui rêvons de la lutte pour la vie, pour guérir notre mère la terre et ne pas la laisser être privatisée, et que les patrons capitalistes et les mauvais gouvernements ne reviennent jamais".

Le litige porte sur la possession de ces terres que l’ORCAO revendique pour avoir participé aux programmes de régularisation foncière, de morcellement et de privatisation du gouvernement de l’État, qui a accordé les terres zapatistes récupérées à d’autres paysans non zapatistes, alors que les zapatistes revendiquent leur droit à la propriété collective de ces terres selon la loi agraire zapatiste de 2007-08. Mais, en fin de compte, il ne s’agit que d’une autre stratégie anti-insurrectionnelle contre les communautés, pour les diviser et les fracturer dans leur organisation et leur redistribution des terres et des richesses naturelles, en utilisant toutes sortes de tactiques : des réformes agraires légalistes et fallacieuses, aux groupes paramilitaires très violents et impunis, dirigés par des chefs d’entreprise et des politiciens régionaux. (...)

extraits traduits de "Moises Gandhi : zapatismo y paz"

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